Ce n'est qu'après son retour de l'île bagne de Sakhaline qu'Anton Tchekhov entreprend une correspondance régulière avec Lydia Mizinova. Peut-être pensait-il déjà à elle. D'après les souvenirs d'un officier qui avait croisé sa route et lui avait conseillé de « se prendre une amie », l'écrivain médecin aurait répondu impossible car il avait déjà une fiancée à Moscou, ce à quoi il aurait ajouté, « comme pour lui-même, qu'il ne serait sans doute pas heureux avec elle car elle était très belle », toujours selon l'officier.
Ainsi que le rapporte dans sa présentation Nicolas Struve, éditeur et traducteur de morceaux choisis de cet échange épistolaire (inédit en français) entre Tchekhov et Lydia Mizinova. Lika, ou Lidioucha, a 19 ans, lui dix de plus, il est célèbre, elle n'est qu'une enseignante de russe et collègue de sa sœur. Elle l'aide à préparer son enquête en Sibérie en recopiant des documents à la bibliothèque. Littéraire mais aussi musicienne, comédienne, touche-à-tout... Anton est un homme trop occupé pour un caractère si peu fixé.
Chacun ira son chemin, il ne l'épouse pas mais s'inspirera d'elle pour l'idéaliste Irina dans sa première grande pièce La mouette. Qu'a été véritablement leur relation ? La critique n'a cessé de spéculer. Ces lettres sont une manière de clé : « Jouant sans cesse au chat et à la souris, Anton et Lika nous y révèlent une vision de la relation amoureuse et désirante et déchirante, acide et drôle, dévorée par la solitude et une distance aussi bien géographique qu'intérieure. »
Correspondance avec La Mouette Traduit du russe, annoté et présenté par Nicolas Struve
Arléa
Tirage: 2 000 ex.
Prix: 21 € ; 220 p.
ISBN: 9782363082770