L'éternel détour. Ce matin, sa mère est morte. Ce matin ou hier, qu'importe. Ce parent n'est plus, qui l'avait élevé dans la violence de sa folie alcoolisée. Le narrateur d'Au bord d'Angelo Tijssens retourne à la station balnéaire où il a grandi et souffert sous la férule maternelle. L'occasion du décès est celle, aussi, surtout, de revoir son premier amour, et de mettre à l'épreuve des sentiments qui ne se sont en vérité jamais éteints. Le garçon était un camarade de lycée, grâce à lui il s'était révélé à lui-même. L'amour était-il mutuel ? Un jour, celui qui déroule ce récit intime avait décidé de partir. Il revient aujourd'hui à ce bord de mer battu par la pluie et au garçon qui lui avait dit qu'il n'était « pas comme ça ».
L'un a fait sa vie ailleurs. L'autre est resté sur place : il vit, solitaire et marginal, avec son chien ; il tourne en rond en éclusant du vin, de la bière, tout ce qui lui tombe sous la main. Quand le narrateur l'a connu, à l'époque où ils étaient devenus copains, le garçon habitait dans une maison avec jardin, dans le confort tranquille de la classe moyenne flamande... Le narrateur le recontacte et le rejoint chez lui. Surpris par l'averse, il arrive quand même à bon port, il reconnaît sa silhouette : l'autre est-il encore le même ? Il le suit jusque dans son logis. Il est trempé jusqu'aux os, il enlève ses affaires mouillées, se réchauffe tant bien que mal près du poêle ; l'autre lui prête un pull, il l'enfile, le pull a son odeur. La vision de l'autre, son odeur, ouvre une brèche. Le passé s'incarne à nouveau. Le mouvement est double. Et le présent de ricocher inversement vers le passé. Ils s'embrassent : « Tout se met à tourner et à trembler et je me souviens, d'un coup, de chaque baiser et de chaque moment où ses lèvres ont touché les miennes. » Le narrateur ôtera le pull...
La prose d'Angelo Tijssens vibre au diapason des cœurs. L'anatomie des âmes n'empêche pas une sensualité réelle. On admire la nudité des émotions, cette voix ténue qui devient le corps des amants - peau à peau, sexe sans ambages. Et pourtant ce premier roman est d'une grande pudeur : Tijssens parvient à travers la délicatesse de son écriture à faire passer l'ineffable de la tendresse. Il y a chez le scénariste des films de Lukas Dhont (Girl, Close) une incroyable intelligence du trouble adolescent - une compréhension de cette intégrité de la jeunesse, tout à la fois lumineuse et douloureuse, juste avant la mue de l'âge adulte et ses prévarications. Le premier amour est le dernier, nous dit Au bord. On veut y revenir à jamais, c'est l'éternel détour, mais impossible d'y retourner. Parce que c'était lui, parce que ce n'est plus moi.
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