Dès qu'une ville met la culture au centre de son action politique, elle se revitalise." Travaillant en ce moment à un nouvel ouvrage sur les villes, l'écrivain et académicien Erik Orsenna, président du jury de notre 3e grand prix Livres Hebdo des Bibliothèques, qui sera remis jeudi 6 décembre à la Bibliothèque nationale de France, a consulté avec un intérêt non dissimulé les 79 dossiers de candidature arrivés à la rédaction. Ils sont issus de 50 bibliothèques françaises, dont 6 bibliothèques universitaires. Un bon résultat puisque, en 2011, seules 41 bibliothèques avaient postulé au grand prix, dont seules 6 ont d'ailleurs renouvelé leur candidature cette année, en modifiant leur dossier. Le prix attire chaque année de nouveaux candidats !
Passionné par la vitalité déployée par les bibliothèques pour séduire, intéresser et aller chercher le public, Erik Orsenna nous a même incités à communiquer, au-delà du palmarès stricto sensu, les "bonnes pratiques" mises en place par certains établissements dont le jury n'a pas retenu globalement la candidature mais qui l'ont séduit par quelques propositions inattendues et malignes. Cette boîte à idées (voir p. 21) correspond parfaitement à l'esprit de ce prix qui se veut à la fois un coup de projecteur sur le travail mal connu des bibliothèques et un vivier d'initiatives innovantes susceptibles d'inspirer les professionnels.
Onze bibliothèques ont postulé pour le prix de l'accueil, 33 pour celui de l'animation, 14 pour celui de l'Espace intérieur et 21 pour le prix de l'Innovation. Huit bibliothèques se sont portées candidates pour les 4 prix. Les débats ont été vifs et les choix parfois difficiles tant l'enthousiasme et les performances des équipes se percevaient à travers les dossiers.
La grande tendance dans ceux de cette année, significative de la décentralisation et du dynamisme des petites communes : une majorité de candidatures provenait de bibliothèques-médiathèques installées dans des villes de moins de 8 000 habitants. L'autre tendance : un grand nombre d'animations restent relativement classiques, et ne deviennent convaincantes que lorsqu'elles sont échafaudées de façon globale et cohérente, adossées à une politique générale de développement de la lecture. Curieusement, peu de candidats mettent en avant l'innovation technologique, comme s'il était devenu naturel de prêter des tablettes numériques ou de programmer un portail en ligne.
Dans l'ensemble, et même si les horaires d'ouvertures restent d'une amplitude trop faible, les efforts pour adapter les plages horaires aux besoins du public sont manifestes. Au Havre, en Seine-Saint-Denis, à Fougères, à Mandeure ou dans le Val-d'Oise, les bibliothécaires savent qu'il faut désormais aller chercher le public par la main. Se mettre à son écoute. S'adapter à son mode de vie. Et ils ont trouvé des façons nouvelles et parfois inattendues de le manifester.