Face au développement continu d'Amazon en France, comme en témoigne l'annonce, lundi 25 juin, de l'ouverture de son troisième centre de distribution près de Chalon-sur-Saône en Bourgogne, Matthieu de Montchalin, président du Syndicat de la librairie française et patron de L'Armitière à Rouen, réaffirme la nécessité de réduire les délais de livraison en librairie. "Alors qu'Amazon poursuit son maillage du territoire et augmente sa rapidité de réponse aux commandes des clients, les éditeurs et distributeurs doivent donner aux libraires les moyens d'assurer le même service. Réduire les délais de livraison à 48 heures est une priorité", assure-t-il, saluant notamment les efforts actuels de certains groupes dont UD et Hachette.
Etonnement
Lors d'un entretien diffusé le 26 juin sur France Inter, Matthieu de Montchalin s'est par ailleurs étonné "qu'un groupe qui se fait fort de ne pas payer d'impôts en France arrive à mobiliser l'ensemble des leviers de l'Etat". Car pour faire fonctionner sa plateforme de 40 000 m2 qui ouvrira en septembre, Amazon a obtenu de la Région Bourgogne 3 000 euros de subventions par emploi créé. Rappelons qu'en 2011 le groupe ne s'est acquitté, au titre de son impôt sur les sociétés, que de 5 millions d'euros pour un chiffre d'affaires estimé, selon un rapport commandé par le Sénat, à 900 millions d'euros sur le territoire français. Si l'on ne peut que louer les efforts de l'Etat pour s'occuper de l'emploi, la forte médiatisation accordée au recrutement de 1 000 personnes d'ici à novembre doit toutefois être relativisée. Comme l'a précisé Frédéric Duval, directeur des opérations logistiques d'Amazon France, le nombre d'"emplois directs" s'élèvera en fait à 500..., dont l'essentiel concernera des postes sans qualification de magasinier. Ce n'est donc pas chez Amazon que se reclasseront les libraires si la fragilité économique de leur entreprise s'accentue sous l'effet de la montée en puissance du site de commerce en ligne ! Pour rappel, la vente de livres sur Internet est estimée aujourd'hui à environ 14 %, dont 60 % réalisés par le site d'origine américaine et 30 % par la Fnac. Interrogé sur les achats de marchandises, et notamment de livres, qui seront générés par la nouvelle plateforme vouée à accueillir les 23 catégories de produits d'Amazon France, Frédéric Duval n'a pas tenu à s'exprimer. La question se justifie d'autant plus que des transferts de produits sont possibles avec les plateformes existantes, celle de Saran (Loiret), créée en 2007 et agrandie en 2011, et celle de Montélimar (Drôme), créée en 2010.