Adolescent, il se voyait « fragile, un peu efféminé, transparent. [Il] traversai[t] la vie. » Mathieu Simonet s'est imposé depuis dans une carrière d'avocat iconoclaste. Il multiplie aussi les initiatives créatives et les expériences en lien avec l'écriture. Ses livres prolongent son univers intérieur. Cette fois, il se consacre à Anne-Sarah K. (Kertudo), une figure juridique qui veut repousser les frontières de la différence. Celles qui l'ont plongée, peu à peu, dans la surdité et la cécité. Mais pour l'auteur, elle est avant tout sa sœur de cœur. « Nos vies sont intimement liées. Anne-Sarah était mon prolongement. J'étais son prolongement. Nous étions interindépendants. »

Cette amitié, qui commence en classe de sixième, n'a fait que se renforcer au fil des années. Elle est « mon trésor de guerre. Ma singularité ». A l'image de cette femme qui a dû se battre pour s'imposer dans le système judiciaire. Ne lui dit-on pas « pour les gens normaux, c'est difficile. Pour les gens comme vous, n'y pensez même pas. » C'est mal connaître sa persévérance et celle de son acolyte, Mathieu Simonet.

« Il y a de l'ignorance entre le monde de la justice et le monde des aveugles. » Alors ils améliorent les choses : plus de discrimination à l'examen d'entrée de l'Ecole de formation du barreau, possible présence d'interprètes en langues des signes lors des procédures ou la création de l'association Droit pluriel. Unis par la dérision et la solidarité, tous deux partagent les joies, les amours et les difficultés qui les traversent ou les bouleversent. Une « manière d'aborder la vie, de la comprendre, de la subir, de l'embrasser, de l'accepter. »