En principe, c’est une comédie. L’histoire d’un type qui n’a pas vu le temps passer, le succès le fuir et les femmes le quitter. Ce genre de choses. "Mid-life crisis" et petits arrangements avec le réel. Le héros de Perdre le nord, le nouveau roman de Basile Panurgias (le premier à l’enseigne d’Héloïse d’Ormesson), est un homme sans qualités. Comme tout le monde, c’est un quadra qui se rapproche dangereusement du demi-siècle. Comme tout le monde, il est écrivain, et cela n’intéresse à peu près plus personne, pas même lui parfois. Sous prétexte d’un hypothétique nouveau départ, il s’est installé à Bruxelles où le marché de l’immobilier et le regard d’autrui pèsent moins lourd. Sa femme, héritière d’une grande fortune industrielle danoise, vient de le plaquer emmenant avec elle à Copenhague leur petite fille. Dans un troquet où il a ses habitudes, il rencontre Sonia dont la plastique est d’un abord plus spectaculaire que sa conversation. Leur liaison semble sans plus d’avenir que d’intérêt, jusqu’à ce qu’un éditeur français de passage outre-Quiévrain ne la lui subtilise et ne lui offre ainsi un inattendu avenir littéraire. Un roman se fait jour, autour de cette vie bruxelloise entre bobos et Union européenne. Entre autres rencontres improbables, une lobbyiste suédoise de l’industrie du tabac et un éditeur maltais exerçant ses talents chez Amazon y joueront un curieux rôle.
Une comédie, donc. Peut-être, mais noire alors, pleine du chagrin d’un homme n’ayant pu résister à la dépossession de soi. Basile Panurgias, dont on croit comprendre qu’il se peint sous les traits de ce héros finalement plus navré que navrant, le fait avec l’élégance de ceux qui savent qu’il vaut mieux en rire. Que ce n’est rien. Juste une vie qui passe.
O. M.
