A l’heure où des centaines de milliers d’Ukrainiens fuient leur pays attaqué par la Russie, se pose la question de l’aide que les bibliothèques européennes peuvent leur apporter. Représentante de l’Association des bibilothécaires de France (ABF), Anne-Marie Vaillant rappelle leur mission et les outils à leur disposition.
Quelles sont les marges de manœuvre de l’ABF face au conflit russo-ukrainien ?
L’ABF exprime sa solidarité aux collègues bibliothécaires et aux Ukrainiens, en relayant notamment le communiqué de la fédération européenne des associations de bibliothécaires (Eblida), qui appelle à défendre la circulation d’une information fiable et à aider les réfugiés Ukrainiens.
Comment aider les réfugiés ?
Notre commission Livr’exil peut expliquer aux bibliothécaires - ou aux personnes qui travaillent dans le monde du livre - comment les accompagner. Les quatre membres (pour le moment) de la commission donnent des contacts à l'Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides), France Terre d’Asile ou au ministère de la Culture, qui organisent notamment des ateliers avec des cours de langue française. L’année dernière, Livr’exil a par ailleurs permis à une personne afghane de suivre la formation d’auxiliaire de bibliothèque proposée par l’ABF. Elle est aujourd’hui agente dans une bibliothèque territoriale.
Les bibliothèques départementales ont-elles une mission spécifique ?
Elles sont une bibliothèque de référence, notamment pour les bénévoles qui n’ont pas reçu la même formation que les tutélaires. Elles peuvent fournir des kits d’éducation aux médias, des expositions sur le thème et relayer de l’information vérifiée pour accompagner ces professionnels.
Quel rôle les bibliothèques municipales et universitaires peuvent-elles jouer à leur échelle ?
Pour accueillir des réfugiés, des bibliothèques offrent des permanences juridiques pour connaître leurs droits, des ateliers de conversation en français… Mais plus largement, le rôle des bibliothèques est de diffuser une information vérifiée. C’est la condition nécessaire à la démocratie.
Sans oublier l'éducation aux médias...
Le bibliothécaire est expert en recherche d’information, il transmet des savoirs, mais il a aussi pour mission de développer le sens critique des citoyens, de les aider à comprendre les enjeux du conflit et les positions respectives des médias (le point de vue de Russia Today par exemple). Bref, apprendre à estimer la fiabilité d’une information. Cette sensibilisation des publics est essentielle en tout contexte, notamment en période de campagne électorale.
Comment en parler aux enfants ?
Dans les bibliothèques, nous en voyons beaucoup d'inquiets. Au Covid depuis deux ans s’ajoute la question de la guerre en Europe et de la menace de l’utilisation de l’arme atomique. Tout cela crée de l’angoisse. Mais il existe des outils adaptés d'éducation aux médias.
Lesquels ?
Il en existe tout un panel, publiés par les ministères de la culture et de l’éducation nationale. La BPI, l’Enssib proposent aussi des journées d’études et même des référents professionnels avec lesquels les bibliothécaires peuvent s'entretenir pour apprendre à se saisir de ces outils. Sans oublier l’ABF, qui joue un rôle d’accompagnatrice.
