Pour l’ouverture du Salon du Livre, Libération a eu l’idée de confier la rédaction entière de l’édition du journal (numéro d’hier) à des écrivains. Bonne idée. A Livres Hebdo , nous avons choisi de monter un dossier sur l’Internet. Pas non plus une mauvaise idée, quand on voit comment les professionnels du livre se sont emparés du sujet, mais aussi comment ils sont encore très loin d’en avoir saisi toutes les opportunités. Un exemple, emprunté à l’actualité récente, me paraît plus parlant que n’importe quelle démonstration. Il y a quelques semaines, le site du Nouvel Observateur , l’un des plus consultés de l’information francophone, a offert au philosophe Michel Onfray d’y tenir un blog. Dès la mise en ligne du premier post signé de l’auteur de la Contre histoire de la philosophie , ils étaient, le jour même, des dizaines d’internautes à se réjouir de l’initiative et à commenter les propos qu’ils découvraient. Il n’a pas fallu un mois pour que le blog de Michel Onfray ne devienne le plus consulté de ceux de l’Obs , contribuant encore à accroître l’affluence que le site génère quotidiennement. Quand on connaît la popularité actuelle d’Onfray, ce qui s’est passé était prévisible. Mais alors, pourquoi diable l’éditeur d’Onfray (Grasset, en l’occurrence) n’a-t-il pas proposé à son auteur vedette de tenir blog sur le site grasset.fr ? La réponse est simple : vraisemblablement personne n’y a songé. Du reste, le site de Grasset, comme de celui de nombre d’autres grandes maisons littéraires, est globalement très pauvre. Et pas le moins du monde interactif. Quel magnifique gâchis ! La présence d’un blog d’Onfray sur le site de son éditeur aurait généré un trafic qui aurait bénéficié à l’ensemble de la maison, à la fois en termes d’image de marque et aussi pour faire connaître le reste du catalogue. Combien sont-ils, les auteurs français susceptibles de se lancer dans l’aventure d’un blog et capables de fédérer aussitôt sur leur nom un public de visiteurs réguliers ? Sans doute pas beaucoup plus d’une vingtaine. Faudra-t-il attendre qu’ils soient tous annexés par des sites d’information avant que l’édition ne se réveille ? Et pourquoi les grandes maisons n’ont-elles pas le goût de s’investir davantage dans la création de sites qui donnent enfin envie de s’y attarder ? Les « petites » maisons sont, à cet égard, souvent beaucoup plus performantes, car elles ont compris depuis longtemps que l’Internet est une vitrine formidable pour accroître la visibilité de leur maison. Un chiffre donnera la mesure du phénomène : aux Arènes, où le site est conçu comme une « prolongation » de plusieurs ouvrages de la maison, les compteurs enregistrent déjà 90 000 visites mensuelles. Et ça continue de monter… Mais l’offre insuffisante de beaucoup de maisons, grandes ou petites pour le coup (il existe même des éditeurs qui n’ont pas encore de site …), n’est pas seulement liée à une sous-estimation, voire une méconnaissance du phénomène Internet, mais plus prosaïquement à un manque de bras. Des sociétés de service voient donc le jour, qui proposent aux éditeurs débordés une offre Internet à plusieurs entrées. Une « ancienne » (elle est encore toute jeune) de Livres Hebdo , Aurélia Jakmakejian, dont beaucoup se souviennent sans doute de l’enthousiasme et de sa passion pour les niou-technologies, vient ainsi de monter un département édition au sein d’une entreprise, Immanens, spécialisée dans la diffusion de contenus culturels. « BookView », c’est son nom, est un « outil de valorisation du livre destiné à l’ensemble des acteurs du livre ». La liste des tâches assurées par BookView (comme l’envoi et le suivi de services de presse sécurisés) est trop longue pour figurer ici. Si vous voulez en savoir plus, contactez donc Aurélia ( mailto:a.jakmakejian@immanens.com ), ou passez la voir au Salon du Livre (stand C 179). Ne serait-ce que pour lui claquer une bise.
15.10 2013

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