L'ex-leader de la CGT Thierry Lepaon, poussé à la démission en 2015 après un scandale sur son train de vie, a été missionné par Manuel Valls pour "préfigurer" la future Agence de la langue française pour la cohésion sociale, a-t-on appris jeudi. L'Agence a notamment pour mission de lutter contre l'illettrisme.
"Le Premier ministre a désigné Thierry Lepaon, très investi sur le sujet depuis plus de 20 ans, pour mener à bien cette mission de préfiguration" de la nouvelle agence, qui verra le jour le 1er janvier 2017, a annoncé Ericka Bareigts, secrétaire d’État à l’Égalité réelle, dans un communiqué daté de mercredi.
En France, près de six millions de personnes rencontrent des difficultés dans la maîtrise du français, dont trois millions de personnes confrontées à l'illettrisme, a rappelé Mme Bareigts.
Dans une lettre de mission, adressée le 6 juin à M. Lepaon et dont l'AFP a obtenu copie, Manuel Valls lui demande de remettre "au plus tard le 30 septembre" son "rapport final".
Coexistence avec l'Agence nationale de lutte contre l'illettrisme
La nouvelle agence, dont l'objectif est "de renforcer la cohérence et l'efficacité des dispositifs" et "d'améliorer la coordination de l'ensemble des acteurs impliqués", devra prendre "appui sur les structures existantes et en particulier l'Agence nationale de lutte contre l'illettrisme (ANLCI)". Le Premier ministre demande à l'ancien leader cégétiste, âgé de 56 ans, de lui "proposer les regroupements qui (lui) semblent cohérents".
L'Agence de la langue française et l'ANLCI devraient toutefois coexister. Dans un courrier adressé le 12 mai à sa présidente Marie-Thérèse Geffroy, consulté par l'AFP, l'Elysée certifie que "l'existence de l'ANLCI n'est en aucun cas remise en cause par la création de l'Agence de la langue française".
Dans La vie continue publié au Cherche Midi en septembre 2015, Thierry Lepaon insistait sur son intérêt pour le combat contre l'illettrisme, un sujet sur lequel il souhaitait "travailler plus". En 1996, dans de précédentes fonctions, l'ancien salarié de Moulinex avait rédigé un rapport sur le sujet.
Successeur de Bernard Thibault à la tête de la CGT en 2013, M. Lepaon avait dû quitter son poste de secrétaire général du syndicat en janvier 2015 après des révélations sur le coût exorbitant des travaux réalisés dans son bureau et son appartement de fonction, ainsi que sur le versement d'indemnités de départ de son ancien poste à la CGT Basse-Normandie.
L'épisode avait provoqué une crise au sein du premier syndicat français et conduit à l'arrivée à sa tête de Philippe Martinez.