Stéphanie Janicot et
Cécile Guilbert ont été élues membres du jury du Renaudot, a annoncé jeudi 6 mai, le président du prix, Georges-Olivier Châteaureynaud. Les deux femmes ont été cooptées après les démissions de
Jérôme Garcin, intervenue
à la suite de l'affaire Matzneff, et de
Louis Gardel, annoncée ce jour.
Stéphanie Janicot a été rédactrice en chef du magazine
Muze avant de devenir journaliste littéraire à
La Croix et
Notre temps. Elle a publié une dizaine de romans dont
La mémoire du monde, prix Renaudot poche 2016. Son prochain roman,
L'île du docteur Faust, sera publié le 18 août chez Albin Michel.
Essayiste et romancière, Cécile Guilbert a obtenu en 2008 le Médicis essai pour
Warhol Spirit (Grasset). "
Je pense que les jurés ont adhéré aux prises de position que j'ai adoptées dans mon dernier livre, Roue libre,
pas vraiment dans le politiquement correct, a-t-elle déclaré à
Livres Hebdo. Le Renaudot est un jury assez rock an' roll qui reste très attaché à la liberté de pensée et d'expression. C'est un honneur de les rejoindre". Dans
Roue libre (Flammarion 2020)
, Cécile Guilbert
se hisse contre les nouveaux conformismes qui régissent la société contemporaine. Elle évoque la langue française, la confusion des faits et des fictions, la culture ou encore le désir... Des textes inspirés par la crise sanitaire.
Par ailleurs membre du prix Décembre, elle compte présenter sa démission à la présidente de ce grand prix d'automne, Chloé Delaume.
Féminisation attendue
L'arrivée de ces deux femmes au sein d'un jury majoritairement masculin était attendue. Ce grand prix d'automne a été fortement secoué en 2020 par l'affaire Matzneff, après la publication du livre de Vanessa Springora,
Le consentement (Grasset). L'éditrice détaille la perversité et le comportement pédophile de Gabriel Matzneff, écrivain distingué par le Renaudot essai en 2013.
Deux mois après la parution du livre, l'animateur du
Masque et la plume, Jérôme Garcin, avait lâché son poste de juré. A son tour, J.M. G. Le Clezio avait laissé entendre dans un article publié dans
Le Figaro qu'il quitterait le jury mais sa démission n'avait finalement pas été notifiée.
Surtout, ce jury, qui comptait jusqu'ici une seule femme,
Dominique Bona, a essuyé les critiques de nombreux médias, dont le
New York Times qui pointait l'endogamie et l'hermétisme au sein des prix littéraires français.
Démission de Louis Gardel
Prenant à rebours ces critiques, Louis Gardel, 81 ans, a décidé de prendre congé du Renaudot ce 6 mai.
« J’avais prévu de (démissionner)
plus tôt, a-t-il indiqué dans un communiqué.
J’ai préféré attendre afin que cette démission ne soit pas interprétée comme une défection au moment des attaques subies par le jury. J’en ai été le membre le plus jeune, j’en étais devenu le doyen, avec toujours le même attachement et le même plaisir. »
Actuellement, le jury du Renaudot est composé de Christian Giudicelli, Frédéric Beigbeder, Dominique Bona, Patrick Besson, Georges-Olivier Châteaureynaud, Franz-Olivier Giesbert, Cécile Guilbert, Stéphanie Janicot, J.M.G. Le Clézio et Jean-Noël Pancrazi.