Un thriller décalé, autour d'une star inspirée de Bob Dylan.
Septuagénaire et un peu fatigué, le grand Zim continue de fasciner les artistes français. Après Francis Cabrel qui s'est risqué à adapter quelques-unes de ses chansons dans notre langue, voici un écrivain, Olivier Jacquemond, qui ose un roman dont l'un des héros lui ressemble furieusement. Robert Zimmerman alias Bob Dylan s'appelle ici Robert Wiemerman, alias Soul Lehman. Chose que l'on apprend, entre autres choses, grâce à Jacques Dolence, un Américain installé en France à qui son beau-père, François Delors, patron des éditions Factions, a confié la tâche farfelue de "coacher" Lehman afin qu'il lui livre, dans les délais, le manuscrit de ses Mémoires, pour lesquels il a dû signer un contrat babylonien. Fils d'une hippie qui vit toujours à Frisco, Jacques, auteur de deux romans, se voudrait bien écrivain, mais il doute, et les 6 000 euros promis par beau-papa (un juif pratiquant pas très sympa avec lui, qui le snobe, y compris pour le shabat) emportent son adhésion. Il part aux Etats-Unis et rencontre, à Tulsa Thomas Eglof le meilleur ami de jeunesse de Robert/Soul, un alcoolo cramé qui lui donne cependant quelques clefs. Puis Maria, son premier grand amour, avec qui il a vécu une idylle artistique, comme Dylan avec Joan Baez. Celle-ci lui livre à son tour de belles confidences. Il approche enfin la star en personne, after show. Avant que Soul ne finisse par débarquer un jour à Paris, squatter chez Jacques ! Ce qui précipite la fin de son couple avec Chloé Delors.
Malgré ses défauts, son côté hibou, son attitude hautaine, son sale caractère, Lehman est un homme de parole. Il rend son manuscrit à son éditeur. Jacques le lit, naturellement, et s'en trouve déçu, mortifié. Il n'y retrouve rien de l'histoire authentique, humaine, de la star. Il décide alors d'écrire sa version de la vie de Soul Lehman par Robert Wiemerman. Et croit naïvement que Factions le publiera : refus, menaces de procès. Son ex-beau-père a encore moins de raisons de le ménager. Commence alors pour Jacques une descente aux enfers qui fera de lui un SDF et le mènera jusqu'au bout de ce qui vire à la tragédie.
Olivier Jacquemond a réussi un roman original, décalé, qui joue sur des références musicales, mais sans lourdeur, et s'interroge sur la possibilité, pour une star, d'écrire la vérité sur sa vie, ou non. Son héros, Jacques, n'est pas inintéressant, mais c'est un médiocre, et on se demande toujours, le roman lu, comment il a pu arriver à de telles extrémités. "La réponse, bien sûr, est soufflée dans le vent ».
