« La hausse de l’activité n’avait jamais été anticipé aussi forte. Je ne sais pas si on se rend compte de ce que 85% de hausse signifie pour un outil logistique », explique à Livres Hebdo Stéphane Aznar, directeur général de Média Diffusion. Pour ce dernier, outre la hausse « démentielle » des activités de réassorts, deux facteurs jouent aussi sur la saturation des chaînes de production : la pénurie de main d’œuvre, et les reports de titres des offices précédents, dûs aux pénuries de papier et aux problèmes de livraison.
Travail de nuit et tri des commandes
D’après la filiale distribution du groupe Média-Participations, les délais actuels de préparation de commandes sont d’au moins deux semaines. Et ce « malgré toutes les actions mises en place (allongement des horaires en semaine, travail tous les samedis et les jours fériés, mise en place d’une équipe de nuit pour le réapprovisionnement et le rangement) ».
Pour limiter les délais à l’approche des fêtes, la société de distribution basée dans l’Essonne met en place une mesure exceptionnelle jusqu’au 30 décembre. Pour toutes les commandes de réassort, MDS ne traitera pas « les titres dont la quantité commandée est inférieure ou égale à 2 exemplaires », annonce Olivier Barbé. Pour accompagner les libraires dans la gestion des quantités des quatre offices nouveautés de janvier 2022, une échéance supplémentaire de 60 jours est aussi mise en place. La direction de MDS espère ainsi revenir en 2022 à des « délais acceptables ». « Nous ne prenons pas ces décisions de gaieté de cœur, c’est une purge qui doit nous permettre de désengorger nos chaînes de manière drastique et de retrouver une activité normale, indique Stéphane Aznar. Nous savons bien que pour les libraires c’est maintenant que tout se joue. »
Un chambardement à venir
Sur les réseaux sociaux, de nombreux libraires ont en effet constaté cette fin d’année des semaines d’attente pour obtenir leurs commandes. Ceci chez MDS, mais Interforum ou d’autres distributeurs sont aussi cités.
En diffusion comme en distribution, le groupe Média-Participations connaît un véritable chambardement. Sa filiale de commercialisation, Média Diffusion, inclura dès janvier une trentaine de nouveaux éditeurs et doublera pour cela ses effectifs de représentants. Côté distribution, pour absorber cette forte croissance, des investissements massifs en termes d’automatisation ont été effectués à l’usine MDS de Dourdan (Essone). De nombreux petits robots, mini loads et bras robotisés garnissent l’entrepôt et la ligne d’office a été doublée. Surtout, MDS met en place un nouveau système de PTS (picking tray system) qui lui permettra de traiter et d’expédier 5 000 commandes par jour. Le but, quand les délais de préparation seront revenus à la normale : parvenir à une distribution « à la commande » et concurrencer ainsi Amazon.