14 octobre > BD France

Quoi de commun entre le mathématicien irlandais Oliver Byrne et le peintre néerlandais Piet Mondrian ? Pas grand-chose a priori, d’autant que le premier est né en 1810 et le second 62 ans plus tard. Pourtant, le précurseur de la peinture abstraite pourrait s’être inspiré d’une adaptation illustrée par Byrne des Eléments d’Euclide pour concevoir une œuvre utilisant exclusivement le noir, les trois couleurs primaires et les angles droits. Développant cette hypothèse, Bézian établit des correspondances entre la démarche de l’artiste et celle du scientifique en faisant appel au procédé du leporello (livre-accordéon), qui lui permet de déployer sur ses deux faces un récit dual, yin et yang.

Onze tableaux splendides, conçus uniquement avec du noir, du bleu, du jaune et du rouge, composent sur chaque face une histoire où l’ambition, l’amour et la jalousie sont étroitement mêlés aux processus créatifs. Côté Mondrian (De Mondrian à Byrne), Bézian fait revivre la rivalité du peintre avec l’architecte Walter Gropius et les artistes réunis dans les années 1920 au sein du mouvement Bauhaus. Il montre les efforts du peintre pour traduire géométriquement le réel. Côté Byrne (De Byrne à Mondrian), il fait apparaître inversement la volonté du scientifique d’incarner visuellement des formules abstraites. La puissance de ce Courant d’art tient dans l’articulation de ces deux trajectoires en seulement 22 planches sobres mais redoutablement efficaces. Fabrice Piault

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