L'ouvrage Un siècle de cinéma du réalisateur américain Tay Garnett, publié pour la première fois en 1982 par Hatier, a fait l'objet d'une réédition en février dernier par TNVO éditions, qui l'a tiré à 1500 exemplaires. Ce livre de 530 pages, introuvable depuis plusieurs années, présente «la méthode et la “philosophie” de quelques-uns des plus grands réalisateurs du monde», comme l'écrit Tay Garnett dans l'introduction.

L'idée du réalisateur, décédé en 1977, est née après la mort d'un de ses amis, le réalisateur John Ford, et de son regret de n'avoir jamais pris le temps d'«essayer de démasquer les stratagèmes dont il usait pour donner à ses films un style si personnel».

Renoir, Fellini, Spielberg, Scorsese, Resnais...

Tay Garnett a alors mis au point un questionnaire de 23 questions, qu'il a posées à 42 réalisateurs, des pionniers du cinéma comme Jean Renoir aux réalisateurs Federico Fellini, Steven Spielberg, Martin Scorsese et Alain Resnais. Les questions ont pour sujet leur formation, leurs sources d'inspiration, la part d'improvisation, le choix des acteurs ou encore le rôle de la musique. Federico Fellini qualifie ainsi sa relation avec les producteurs de «toujours sournoise, faite de coups bas, de persuasions pathétiques et de cris menaçants».

L'histoire de ce livre est mouvementée. Dans les années 1980, quelques années après la mort de Tay Garnett, personne ne voulait le publier aux Etats-Unis. Thierry de Navacelle, actuel dirigeant des éditions TNVO qui réédite aujourd'hui l'ouvrage, avait rencontré le réalisateur en 1975 à Los Angeles. En 1979, il décide alors de préparer un manuscrit traduit à partir des archives de Tay Garnett, et l'envoie à Truffaut. Ce dernier conseille à Gilles Jacob, qui commençait alors la collection «Bibliothèque de cinéma» chez Hatier, de le publier. L'ouvrage sera vendu à plus de 15000 exemplaires.

Une suite à venir ?

Les projets autour de l'ouvrage ne s'arrêtent pas là. «Je vais contacter Scorsese, très cinéphile, pour qu'il m'aide à publier le livre aux Etats-Unis», a confié Thierry de Navacelle à l'Afp. Et la fille du réalisateur, Tiela Garnett, écrit dans l'introduction qu'elle «envisage de travailler à un deuxième tome avec les grands réalisateurs du cinéma actuel».

La Cinémathèque française présente aussi une rétrospective des 44 films de Tay Garnett, du 13 mars au 29 avril. Seront par exemple projetés Voyage sans retour (1932), La maison des sept péchés (1940), avec Marlene Dietrich et John Wayne, ou encore Le facteur sonne toujours deux fois (1946).