Dans VSD , les élèves d’une classe de collège parisien jugent leurs camarades d’un autre collège parisien, héros d’Entre les murs, la Palme d’or cannoise inspirée du livre de François Bégaudeau, qu’on ne présente plus (le film, comme le livre, comme l’auteur). Ce qui les énerve, ce sont les fautes de français : « Non, franchement, conjuguer le verbe croire en ‘’nous croîtrons’’ : mais qu’est-ce qu’ils croivent ? ». Et les personnages « trop stéréotypés », avance Marguerite, une élève. « Stéréotypés ? », répète Alexandre, qui ignore le mot. Et hop, il va « chercher Robert ». Que le fameux dictionnaire soit réduit à ce prénom affectueux — comme un bon pote qui rendrait toujours service —, voilà une belle pub. C’est « la Rousse » qui a dû faire la gueule en lisant l’article. Dans VSD , encore, un article sur ces créateurs de mode (Lagerfeld, Vuitton, etc.) qui se mettent à l’édition. « Les gens de mode sont des touche-à-tout », rappelle une spécialiste de ce milieu. L’inverse est moins vrai. A quand un éditeur qui défile sur les podiums ? *** Dans Télérama , une enquête intéressante sur les rapports entre le roman et la chanson, les écrivains et les « bardes ». Le sujet est inspiré par les « Correspondances » de Manosque, qui se tenaient le week-end dernier. « La chanson est pour nous un outil d’action culturelle, explique l’un des organisateurs. Les chanteurs sont capables d’attirer un public large. Grâce à eux, la littérature n’est pas qu’un bel objet, accessible aux seuls initiés ». Les centaines de milliers de gens qui poussent tous les jours les portes des librairies et des bibliothèques, qui lisent dans le métro, etc. seront heureux d’apprendre qu’ils sont des « initiés ». Des « initiés » qui ont été plus de dix fois plus nombreux à acheter L’élégance du hérisson que le dernier disque de Mme Carla Sarkozy, qui aura pourtant bénéficié d’une promotion médiatique sans équivalent, du plateau de Michel Drucker à la « Une » du Daily Rotschild (fondateur : Jean-Paul Sartre). *** Quand l’édition vient au secours du cinéma (ce n’est pas la première fois…) : dans le JDD , Danielle Attali rappelle que personne ne voulait du scénario de Cliente , écrit par Josiane Balasko. Elle en a fait un livre (Fayard 2004, repris au Livre de Poche), et devant le succès de librairie, les portes des producteurs se sont enfin ouvertes. Le film sort mercredi prochain. En même temps que Séraphine (de Senlis), l’histoire de cette bergère mystique du XIXè siècle, devenue peintre, puis qui sombra dans la folie. Toute la presse parle déjà de ce film avec des superlatifs — il faut dire que Séraphine est jouée par l’immense Yolande Moreau. Rappelons qu’en 1986, Alain Vircondelet avait consacré une biographie à Séraphine chez Albin Michel. Elle reparaît le 1er octobre. *** Dans sa rubrique « Téléphone rouge », l’ Obs publie — c’est cruel — les premières lignes du Jour et l’heure , le premier roman de Guy Bedos, à paraître en novembre chez Stock : « A ujourd’hui, j’ai décidé de me tuer. Quand ? Je ne sais pas. Je choisirai le jour et l’heure. Etre en état de choisir. Ne pas trop tarder. Le temps joue contre moi, à présent ». Bon, ben, on va le laisser tranquillement se tuer, non ? Comme ça, on n’en parlera plus. Alain Minc serait-il un ami de Denis Olivennes, le tout nouveau puissant directeur de la rédaction de l’ Obs ? Toujours est-il que l’hebdomadaire consacre pas moins de 4 pages, dans sa rubrique « Les débats de l’Obs », à la promotion du dernier Minc : celui-ci « signe » en effet une Histoire de France (si, si !) en 500 pages, chez Grasset. L’ Obs le fait dialoguer avec Jean-Pierre Rioux. Certes, le chapô est censé mettre en garde le lecteur, qui annonce le débat « entre un amateur et un spécialiste ». Mais 4 pages ! Ce pauvre Rioux, d’ailleurs, (Qu’allait-il faire dans cette galère ?) apporte mollement la contradiction. Il préfère laisser Minc palabrer. C’est aussi bien, en effet : on y apprend donc, entre autres perles, que « Turgot était le Mendès France de son époque », et que « Vichy est la faute de Louis XIV ». Ceux qui, impressionnés par sa surexposition médiatique, se posaient encore la question de la valeur intellectuelle d’Alain Minc seront définitivement fixés. Mais 4 pages, quand même ! C’est pas « Robert » qui commettrait ce genre d’impair.