L'assassin amnésique imaginé par Robert Ludlum est apparu en librairie en 1980 (et un an plus tard en France chez Robert Laffont). Après ce premier tome, La mémoire dans la peau, adapté au cinéma en 2002, Robert Ludlum écrira deux autres histoires avec Jason Bourne, La mort dans la peau (1987) et La vengeance dans la peau (1990), eux-mêmes transposés au cinéma, toujours avec Matt Damon dans le rôle.
Nouvelle plume, nouvelle vie
Robert Ludlum meurt en 2001 et la série est alors confiée à Eric Van Lustbader. Après le succès du premier film, il était dans l'esprit de chacun de donner de la matière pour développer plusieurs films, au-delà de la trilogie d'origine. Quasiment tous les ans, un nouveau livre sort. En France, Robert Laffont passe le relais à Grasset et les fans se sont arrêtés à L'urgence dans la peau, paru en 2012. Mais aux Etats-Unis, trois suites inédites ont été publiées depuis, et notamment la plus récente, treizième du feuilleton, The Bourne Enigma sorti le 21 juin dernier chez Grand Central Publishing.
Si le nouveau film Jason Bourne a laissé tombé l'expression "dans la peau" c'est aussi parce que le personnage cinématographique ne suit plus les mêmes aventures que le personnage littéraire. Déjà, avec les romans de Van Lustbader, le lecteur s'éloignait de l'intention de Ludlum et Bourne redevenait un agent de la CIA dans des histoires d'espionnage proches de celles Tom Clancy et de Mission:Impossible.
Surveillance de masse
Pour ce quatrième épisode cinématographique Jason Bourne s'affranchit lui aussi de son créateur. Il trouve son identité propre, à l'instar du titre du film. Entre Athènes, Las Vegas, Berlin, Londres et Washington, celui qui veut disparaître des écrans pour survivre va devoir une fois de plus affronter les armes de la CIA. Film d'action classique, Jason Bourne soulève malgré tout l'enjeu de la surveillance de masse et de la vie privée, avec d'un côté une agence gouvernementale et de l'autre une plateforme similaire à celle de Facebook. Depuis le premier film, tout l'enjeu des scénaristes a été de transposer ce héros de la guerre froide en aventurier des temps modernes, aux prises avec les enjeux de son temps (lanceurs d'alerte, terrorisme, etc).
Autant dire que les romans de Robert Ludlum et les films avec Matt Damon n'ont plus en commun que cette (fausse) identité sur un passeport américain.