Personne n'a oublié le trait assassin de Clemenceau sur Félix Faure, le président de la République mort dans les bras de sa maîtresse : "Il se voulait César, il est mort Pompée." Clemenceau traduisait aussi la piètre postérité de ce général romain après sa défaite contre César. Eric Teyssier vient rétablir l'équilibre.
Auteur d'un Spartacus (Perrin, 2012) et d'une étude sur la gladiature (La mort en face, Actes Sud, 2009), ce maître de conférences de l'université de Nîmes est un passionné qui monte des spectacles pour le grand public et enseigne les techniques anciennes de combat.
Son épopée Pompée est marquée par cette même volonté de montrer ce qu'étaient l'homme et son époque, complexes l'un et l'autre. Général à 23 ans, surnommé « le Grand" à 25, Pompée bénéficia d'une popularité sans égale chez les Romains, si l'on en croit Plutarque et ce que nous dit Eric Teyssier. Il fut une sorte d'Alexandre le Grand - il en avait, dit-on, la beauté - à qui il aurait manqué le génie de la gloire.
Pompée veut le pouvoir, mais aussi qu'on reconnaisse son autorité autrement que par la crainte qu'elle inspire. Au cours de sa carrière, en rétablissant l'ordre en Espagne, en débarrassant la Méditerranée de ses pirates et en conquérant l'Asie Mineure, il agit plus en militaire qu'en politique. Il n'a jamais su choisir son camp entre le vieux sénat confit dans ses privilèges, le parti populaire fossilisé dans la démagogie et la classe moyenne des chevaliers à laquelle il appartient. Il a connu, après sa fuite en Egypte, la même fin tragique que César, mais il n'est pas devenu une légende. Eric Teyssier lui redonne une place plus juste dans cette histoire romaine au moment où la République vacille.