"Je demande à la vie du panache et du sens", écrit Yves Michalon au début de son livre. Voilà une belle devise, et elle lui convient à la perfection. Du panache, il en a eu, dans les diverses aventures de sa vie. Dans ses fidélités, au gaullisme (le Général, Malraux, le maréchal Leclerc de Hauteclocque sont ses héros préférés), aux valeurs humanistes, aux droits de l’homme, qu’il a contribué à défendre, en particulier dans les Balkans (à travers sa fondation Est Libertés), ou encore en Afrique. Sans jamais se mettre en avant ni se "médiatiser", comme on dit. Sauf une fois en 1998, bien malgré lui, quand son fils aîné, Stanislas, qui travaillait pour Médecins du monde en République démocratique du Congo, a été retenu en otage sur ordre de Kabila. Michalon s’est rendu sur place, a fait jouer tous ses réseaux, ses relations, et a pu ramener son rejeton au bercail. Fidélité à ses passions, l’engagement politique, mais dans l’ombre, en éminence grise, et, surtout, la littérature. A 50 ans, en 1995, alors qu’il avait mené une brillante carrière dans la communication, il a tout lâché pour créer sa maison d’édition. Succès, échecs, difficultés financières… Michalon éditeur existe toujours, au sein du groupe L’Harmattan. C’est là que Yves Michalon publie son nouveau livre, non sans prier ses auteurs de l’excuser. Un livre comme une éphéméride, une série de polaroïds, en forme d’inventaire à la Prévert, où un demi-siècle de sa vie et de la marche du monde s’entremêlent, au présent de narration. Derrière l’homme énigmatique s’est toujours tapi un écrivain, l’auteur du Pousse-caillou, paru chez Robert Laffont en 1979. C’est lui que l’on redécouvre aujourd’hui. J.-C. P.