20 janvier > Jeunesse Etats-Unis

Plus aucun doute possible : Mrs Baker, la prof d’anglais, ne peut pas encadrer Holling Hoodhood, élève de cinquième. Le mercredi après-midi, il est le seul à rester en classe. Une moitié des élèves se rend à la synagogue et l’autre au catéchisme de l’église de la paroisse. Holling est le seul presbytérien. Une appartenance qui lui vaut les foudres de l’enseignante. La facture est salée : d’abord de menues corvées de nettoyage des tableaux, de dépoussiérage d’effaceurs, puis des séances de lecture de Shakespeare. Quel plus mortel ennui pour un élève que de lire La tempête ?, songe Mrs Baker. Seulement voilà, ce qui devait être châtiment devient plaisir. Notre jeune garçon prend goût à la poésie sombre et tumultueuse du grand dramaturge. Bon, pour être honnête, au début, il déguste surtout les jurons qui émaillent l’œuvre.

Les mercredis passent et ne se ressemblent pas. Peu à peu, Mrs Baker se découvre sous son vrai jour. Ses sourires sont même parfois ceux d’une vraie personne et "pas d’une prof". Bien au-delà des vitres de la classe, la guerre du Vietnam fait rage et l’Amérique égrène ses morts. On est en plein Flower Power et la sœur de Holling, une sadique de première qui vient tous les soirs lui clouer le bec dans sa chambre, se pointe un jour en plein salon familial avec une fleur jaune vif peinte sur la joue. Une décoration faciale qui ne fait pas l’unanimité.

Le roman foisonne d’anecdotes irrésistibles. Le pauvre Holling, attachant en diable, très lucide sur sa condition de victime manipulée, fait songer à un Woody Allen junior. On sourit à chaque page. Ainsi, dans la scène où le père gagne un concours et se met à danser, on lit : "Entre nous, quand les presbytériens se mettent à danser sur le perron, c’est qu’il s’est passé quelque chose d’énorme."Fabienne Jacob

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