L’homo sapiens, c’est l’homme intelligent, l’homme sage. Laurent Testot le rebaptise Singe dans son livre, qu’il avoue avoir construit comme un film, un très long-métrage qui court sur trois millions d’années, avec la volonté de montrer comment l’homme a transformé la planète. Ce qui intéresse ce journaliste qui a travaillé au magazine Sciences humaines et qui anime le site Histoire-mondiale.com, c’est la relation homme-nature. "Les évolutions des sociétés humaines ne se comprennent pleinement que quand on les étudie dans leur contexte environnemental. Il faut envisager le milieu comme un théâtre pour que l’histoire humaine prenne pleinement sens."
Par son sens du récit, ses références aux travaux les plus récents, Cataclysmes s’inscrit dans la démarche de Sapiens, le best-seller de Yuval Noah Harari (Albin Michel, 2015) qui décrit comment l’espèce Homo sapiens a réussi à survivre et à dominer la terre. Il nous fait également prendre conscience que les effondrements de civilisations n’entraînent pas la chute des hommes.
Laurent Testot ne propose pas une vision de cette histoire globale. Son odyssée de l’espèce se contente de dérouler la fresque de l’humanité avec les grandes étapes que sont l’invention de l’agriculture, de l’écriture, des religions, de la monnaie, de la cuisine, la domestication du feu puis de l’énergie, jusqu’à cette ère du numérique et de l’information où l’on rêve d’encoder le monde. "Etait-il écrit que notre expansion devait se faire aux dépens de la biodiversité planétaire ?" Hélas, à la lecture de cette histoire qui est loin d’être finie, difficile d’en douter, surtout si l’on considère, comme Laurent Testot, que "l’humain s’est façonné pour la guerre", qu’elle soit politique, religieuse ou économique, avec "ses stratégies d’entreprise, ses capitaines d’industrie, ses mercenaires raiders et traders, ses conquêtes de marché".
La grande qualité de cet ouvrage consiste à reprendre le parcours de l’Homo sapiens pour faire prendre conscience d’un risque environnemental que tout le monde connaît, sauf ceux qui regardent ailleurs. "L’humain est en fait l’espèce invasive ultime : toute espèce invasive prospère dans les milieux où elle ne rencontre pas de prédateur." Sauf peut-être le plus dangereux de tous. Lui-même. L. L.