Depuis trente ans qu’elle tient sa librairie spécialisée jeunesse à Clermont-Ferrand, Florence Vidal a connu des hauts et des bas. Mais ce dernier coup dur lui laisse un goût amer. La perte d’un marché public la contraint en effet à se séparer de son libraire, Daniel Gauttier, qui officie à Papageno depuis douze ans. « Notre situation globale est tellement fragile que le moindre coup nous est fatal. Ce marché représente 150 000 euros, soit 25 % de mon chiffre d’affaires, et surtout un an de salaire. Le calcul est donc vite fait mais, du coup, j’en arrive à une situation paradoxale : je me retrouve toute seule pour gérer l’activité au comptant, qui reste, elle, pleine et entière », s’insurge la libraire. Une révolte que partage Véronique Lachassagne, enseignante et cliente, qui ne conçoit pas de voir disparaître une librairie qui « œuvre tant pour maintenir présente une offre différente dans la ville ». Elle a donc décidé de mettre en ligne une pétition qui, en dix jours, a rassemblé plus de 1 750 signatures. Le 31 mai, elle a aussi organisé un rassemblement de soutien au cours duquel Jean-Pierre Siméon, auteur, et Nicole Maymat, fondatrice des éditions Ipomée, ont rappelé le travail fourni par Papageno en faveur de la bibliodiversité. A l’issue de la réunion, un comité de soutien a été mis en place, chargé d’accompagner Florence Vidal dans ses rendez-vous avec les collectivités locales et de trouver de nouveaux moyens pour assurer la pérennité de la librairie. L’idée d’une association, qui aiderait la libraire pour les animations et les salons, a également été lancée. Cette mobilisation citoyenne ravit Florence Vidal.
c. ch.