« Des livres qui vont vous faire rugir de plaisir », promet le communiqué de lancement de Panthera. Cette nouvelle marque jeunesse, créée par deux jeunes femmes issues du monde de l’édition, souhaite participer au « renouveau de l’édition ». Pour 2023, elles prévoient la publication de dix ouvrages illustrés, BD ou reportages dessinés, aux tirages limités entre 1 500 et 2 500 exemplaires. « Nous souhaitions vraiment avoir une approche raisonnée de la chaine du livre », explique Céline Lefeuvre.
Des sujets hors du champ de la jeunesse
A 30 ans, la directrice éditoriale de Panthera, passée par le service de diffusion de Flammarion et Sarbacane, s’est associée avec Marianne Selli, ancienne libraire et chargée de diffusion aux éditions de l'Apprimerie. Les deux bretonnes se sont rencontrées lors de leurs études au DUT métiers du livre à Tourcoing, en 2011. « En 2015, nous avions déjà coopéré dans une structure associative qui a publié 30 numéros d’une revue sur le cinéma pour enfants », précise la directrice artistique de 31 ans. De cette expérience, elles ont gardé des liens avec de nombreux illustrateurs qui leur a permis d’envisager la création d’une structure. « Nous souhaitons proposer des sujets qu’on ne voit pas actuellement dans le champ de la jeunesse et parler d’espèces méconnues pour les enfants », abonde Céline Lefeuvre.
Contrat d’auteur "repensé"
Né d’une volonté de faire évoluer la chaine du livre, le projet a été pensé de manière écoresponsable. Elles regrettent cependant de ne pas avoir trouvé d’imprimeur à l’encre végétale à leur coût en France et font imprimer leurs ouvrages en Italie. Pour pallier cet écart écologique, elles réduisent leur envoi en impression à deux par an. Pour la distribution, elles ont signé un contrat avec la société arlésienne Harmonia Mundi, qui revendique plus de 100 éditeurs indépendants et 13 000 références. Enfin, elles désirent mettre en place une nouvelle relation entre l’auteur et l’éditeur. « Nous avons repensé le contrat d’auteur en le rendant plus court, plus lisible avec une réduction de la durée des droits », assure Céline Lefeuvre afin que « l’auteur ne se sente pas dépossédé de son œuvre », complète Marianne Selli.
L’évènementiel au cœur de la promotion
Issues d’une génération qui veut « renverser » l’image de « l’éditeur dragon », les deux jeunes souhaitent être au plus proche des libraires. « On sent une demande de renouveau des étudiants du métier du livre mais aussi au sein des librairies », assure Marianne Selli. Pour la promotion de leurs ouvrages, elles prévoient de l’évènementiel pour chaque publication : là un atelier de tissage en librairie, ici de confection d’herbiers ou encore la vente de planches des illustrateurs en librairie. « C’est aussi une manière d’assurer des revenus complémentaires à nos auteurs », expliquent-elles en assurant être « hyper transparentes avec eux sur nos coûts et notre rémunération ». En septembre, elles prendront la route « partout en France » jusqu’à Bruxelles pour aller à la rencontre de 250 libraires. Au « Panthera Tour » succèdera une campagne de crowdfunding en octobre pour financer le surcoût de leur premier reportage dessiné sur une vigneronne en biodynamie, En Alchimie, à paraitre en janvier. « Les participants au financement participatif recevront l’ouvrage en avant-première avant Noël et des bouteilles du domaine dont il question dans l’ouvrage », préviennent les deux éditrices. Accompagnées par une banque, elles projettent une rentabilité « à cinq ans », une visibilité de production à deux ans et signent actuellement des projets pour 2025.