Qui n'a pas envie, l'espace d'un instant, de redevenir un enfant ? D'être pris par la main pour se laisser emporter dans un conte magique ? Doté de sa baguette de primo-romancier, Oxmo Puccino quitte l'univers du rap et de la musique pour mettre son amour des mots au service d'une histoire lumineuse et heureuse. On part ainsi à la rencontre de Rosie, « 13 piges » mais trois tonnes de courage. Elle vit en compagnie de Grand-Père Edmond, grainetier, aimant cultiver leur paradis bientôt transformé en terrain vague. Il faut dire que le soleil a déserté les lieux. L'ombre de la crise climatique et celle de la Covid - jamais nommée - semblent planer sur leur belle bulle d'Amourville. « La peur gagne, des rumeurs de pénurie courent, l'esprit de survie a chassé la joie. » Si ce n'est au sein de cette petite cellule familiale...

Mais le gentil papy semble lui aussi dans un piètre état : il souffre cruellement de problèmes de santé et d'argent. Néanmoins, il ne manque ni d'ingéniosité ni d'amour et se montre bien « décidé à tordre le destin et à faire revenir ce foutu soleil ». Ses forces l'abandonnent toutefois rapidement, et Rosie doit prendre la relève. Alors qu'elle avait été jusque-là « à l'abri du monde, du ciel et de la nuit », Rosie devra affronter les obstacles et tracer son propre chemin. Direction Noé, un jeune châtelain richissime qui semble souffrir d'un vide intérieur qu'aucun trésor ne pourra combler. Dire qu'il possède un « terrain d'éléphoot » et croit pouvoir acheter l'amitié... « Sa mission est de protéger le monde de sa perte. » Peine perdue. Rosie poursuit sa route et croise plein de personnages truculents : Crépuscule, « plus obscur que le sombre », Aube, Crêpe, Famos, Berot, « sonneur du soleil », la sublime Vénus - pourtant si seule - ou la sorcière Ilra. C'est clair, « ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes et trouver la voix qui va parler au soleil ». Ils devront donc mettre leurs forces en commun pour rallumer la flamme qui réchauffera la planète.

Tel un botaniste de l'imaginaire, Oxmo Puccino plante les graines de demain dans une langue chantante, aux aspirations écologiques. En cette ère individualiste, il nous pousse à retrouver un élan solidaire. « Quand on est seul, on ne brille jamais. »