Un poème, un déclic, un roman graphique. Tels sont les mots d’ordre de la collection Poéstrip lancée par Nathan Bande Dessinée. Pour Karine Leclerc, directrice éditoriale, sa création relève de « l’alignement des astres ».
« J’ai croisé l’illustratrice Bérangère Delaporte à un salon littéraire quand je travaillais chez Glénat. Nous avons réalisé que nous étions toutes les deux germanophiles et fans de poésie ». C’est à ce moment-là que germe le projet éditorial, mais il faudra attendre l’arrivée de Karine Leclerc chez Nathan, et une suggestion de l’autrice et scénariste Charlotte Bousquet : un concept de collection de romans graphiques à destination des jeunes adultes, qui s’inspirerait de la poésie. Une initiative audacieuse pour cette maison encore jeune, arrivée dans un marché dominé par Bayard Jeunesse.
« Nous interrogeons les auteurs sur leurs affinités poétiques et les poèmes qui les ont marqués. Selon leur réponse, on leur demande si ça peut-être le point de départ d’une histoire. » Pour Karine Leclerc, c’est La Panthère de Rainer Maria Rilke, découverte en khâgne. De ce texte découle le premier titre de la collection, Grande Échappée, première bande dessinée de Bérangère Delaporte.
Des livres épurés mais foisonnants d’idées
Il met en scène une adolescente, Louise, qui vit au sein d’une famille où c’est le père qui fait la loi. Elle rêve de devenir danseuse comme sa mère l’a été, avant d’abandonner sa carrière pour se consacrer à son foyer. Le désir d’émancipation de la fille met en lumière l’aliénation de la mère, et ces deux générations de femmes puiseront peut-être leur force l’une en l’autre…
« Bérangère s’est totalement approprié le projet » déclare Karine Leclerc. « Je vais avoir 50 ans, et quand j’ai lu la BD, j’ai touché du doigt ce à quoi j’ai échappé. Je me suis dit que pour une jeune femme qui lira ce récit, on est dans la prévention, alors que pour nos lectrices plus matures, il y aura peut-être un déclic sur leur propre situation ». Le livre contient également un cahier sur le processus de la création, avec une reproduction du poème original, des extraits du storyboard et des recommandations musicales de l’autrice, qui seront disponibles sur toutes les plateformes d’écoute via un flashcode. « Par la suite, nous aimerions faire une édition collector avec des chorégraphies, car la danse est présente en filigrane tout au long de l’histoire » confie l’éditrice.
Avec une estimation de 5 000 exemplaires, le roman graphique comporte 80 pages, et coûte 23, 95 – le prix standard de la collection, qui publiera de deux à trois titres par an. Selon Karine Leclerc, « chaque album aura un Pantone de couleurs associés et un design épuré ». Pour Grande Échappée, ce sera le jaune. Il paraîtra le 7 septembre 2023.