« Nous perdons chaque jour des morceaux de notre vie. » Alors comment poursuivre sans se désintégrer complètement ? Telle est la question que se posent trois jeunes femmes à Téhéran. Après avoir grandi ensemble, elles font leurs premiers pas dans le monde adulte. Aussi se serrent-elles les coudes face aux imprévus. Le surnom de l'une d'entre elles, Leyli, « signifie l'aimée. C'est la pureté de l'amour ». L'amour qui lui manque cruellement depuis que son mari Misagh est parti à l'étranger. Ce futur doctorant espère devenir enseignant. Émigrer lui semblait la seule possibilité, alors pourquoi ne l'a-t-elle pas suivi ? « Quand vais-je enfin sortir de ces situations désespérantes ? Ces décisions impossibles. Je redoute les choix, toujours mauvais. C'est une peur qui date du jour où j'ai décidé de ne pas partir avec toi. » Leyla ne se l'explique pas, mais elle en paye pleinement le prix. « Le poids de cet appartement vide avait rongé ma chair, me laissant presque exsangue. » Difficile pour ses proches de la consoler. « Je suis encore sur le bord des rêves. Dans cet entre-deux douloureux, cette tristesse sans fond. » Afin de ne pas sombrer, Leyla se lance à corps perdu dans son travail de journaliste. Elle est contactée par Amir qui lance un nouveau journal en ces temps où la liberté d'expression n'est toujours pas de mise en Iran.
Rodja a elle aussi envie de déployer ses ailes. « J'étais ambitieuse et malheureuse. Ici, mon horizon est bouché. Il fallait que je quitte l'Iran. Si je pars, c'est un autre monde qui s'ouvre à moi. » Or pour cela, il lui faut un précieux sésame, un visa lui permettant d'étudier à l'étranger, où son dossier a été accepté. « Je devrais apprécier la vie qui m'est offerte. Penser à ma future vie en France, au doctorat que j'aurais dans cinq ans. » Est-ce un rêve accessible ou sera-t-il repoussé à jamais ? « J'avais l'air d'une prisonnière fraîchement libérée. » Mais la liberté n'est guère accordée pleinement en Iran, comme le rappelle le mouvement de contestation actuel.
Shabaneh souhaite tout autant changer d'existence. Elle en a assez d'étudier et souhaite vivement rejoindre le marché du travail, mais au fond d'elle, d'autres soucis la taraudent. « Le bonheur, c'est fini pour toujours. Quelque chose s'était invité dans notre vie. Une sorte de monstre » qui adopte les traits de son petit frère adoré Mahan, jugé mentalement déficient. Un verdict qui bouleverse la vie de tous les siens. Voilà pourquoi elle a le sentiment de devenir « une toute petite Shabaneh, égarée dans une immense plaine infestée de loups, et personne pour me venir en aide ». Si ce n'est Arsalan, fou amoureux d'elle, or la jeune fille ne ressent rien pour ce « brave garçon » manquant d'imagination. Et puis, les rouages du mariage rendent tant de femmes prisonnières.
Best-seller en Iran, ce premier roman de la journaliste et scénariste Nasim Marashi y a déjà été réimprimé cinquante fois. Une histoire de sororité, de rêves envolés et d'espoirs arrachés au quotidien. « La vie, c'est juste une poignée de petites choses ordinaires. » À nous de nous en emparer.
L'automne est la dernière saison Traduit du persan (Iran) par Christophe Balaÿ
Zulma
Tirage: 2 500 ex.
Prix: 22 € ; 224 p.
ISBN: 9791038701564