A la différence de ses congénères, Robêêrt n’est pas grégaire. Tout le contraire. Il ne cesse d’observer et de s’interroger. Non parfois sans quelques états d’âme. Un large choix de carrières s’ouvre à soi quand on est chien. Mais quand on est mouton, quel peut être son destin, à part finir sous forme de pull ou de tweed ? A la fois lucide et fin observateur de la langue, Robêêrt conclut, un brin désenchanté : "Ce n’est pas pour rien qu’on appelle "moutons" les petits tas de poussière qui traînent sous les meubles des maisons mal tenues." Un jour, notre ovidé s’illustre dans un fait d’armes. Une moissonneuse-batteuse sonore et menaçante sème débandade et panique parmi les moutons. Seul Robêêrt reste stoïque. Attitude que ne manque pas de remarquer Prince vaillant, le chien berger qui est aussi l’idole de Robêêrt. Très vite ce dernier l’initie au métier. Et voilà notre mouton qui course les insoumis qui sortent du rang. A-t-on jamais vu un mouton se prendre pour un chien ? La situation agace prodigieusement le troupeau qui l’accuse de passer à l’ennemi. En pleine crise d’identité, Robêêrt rencontre fort heureusement Tibor Mori, un chat charismatique, qui lui apprend, entre autres choses, l’art de plaire. Domaine dans lequel Robêêrt brillera avant d’être expédié en Angleterre pour tenir compagnie à Fringant du Naseau, un cheval de course multirécompensé mais névrosé. Pour contenir les angoisses du pur-sang déprimé, le flegme de Robêêrt fera mouche. Surtout quand s’annonce le grand jour de la mythique course d’Ascot… Chacune des savoureuses étapes de cette irrésistible ascension est teintée d’humour anglais. Un roman d’apprentissage bêêlement ficelé. Fabienne Jacob