Maintenant que l’Internet est de plus en plus audio et visuel — podcasts, photos et vidéos — , se pose le problème de la recherche des documents. Il existait déjà des moteurs de recherche à usage professionnel. Mais le vrai marché est celui des internautes grand public — vous et moi — à qui il faut des Google (pour la simplicité d’usage) de l’image. Et une recherche directement consultable en ligne. Des start-up s’y emploient activement. Comme blinkx (blinkx.com), une petite start-up californienne, lancée en 2004, et qui affirme avoir déjà indexé plus de 7 millions d’heures de programmes télévisés. Grâce à un système de reconnaissance de la parole, le moteur de recherche va chercher dans les programmes tous les passages correspondant aux mots clés que vous avez tapé. Ainsi, j’ai tapé Meryl Streep, et en un quart de seconde j’avais le choix entre 181 vidéos où l’actrice apparaissait : Meryl Streep recevant un Golden Globe, Meryl Streep interviewée avec Denzel Washington, etc. Autre curiosité, beaucoup plus récente, pluggd (pluggd.com), moteur plus particulièrement réservé aux podcasts, encore dans sa phase bêtatest. Non seulement pluggd (issu d’une start-up basée à Seattle) est un annuaire de podcasts classés par genre, mais, cerise sur le gâteau, si vous effectuez une recherche bien précise, il ambitionne de vous indiquer visuellement à quel moment vous trouverez ce que vous cherchez dans la durée d’écoute totale du document sélectionné. Par exemple, si je veux retrouver ce qu’a dit le Masque et la Plume du dernier Martin Scorsese, pluggd m’y amènera tout droit. Evidemment, c’est encore un peu de la science-fiction, ne serait-ce que parce que pour l’instant, aussi bien blinkx que pluggd ne fonctionnent qu’avec l’anglais. Troisième curiosité, encore plus récente, puisqu’elle se lance tout juste : Polar Rose (une start-up suédoise, cette fois), qui veut, elle, vous aider à identifier des photos. Nombre de photos circulant sur le web sont dépourvues de toutes données sémantiques (en clair, elles ne sont pas légendées, ou insuffisamment). D’où la difficulté de rechercher et trier des photos en ligne. Polar Rose ne résoudra pas l’ensemble du problème, mais entend du moins s’attaquer aux photos d’homo sapiens sapiens (c’est-à-dire nous), grâce à un système de reconnaissance facial sophistiqué. Identifié formellement une fois, un visage le sera ensuite dans tous les clichés disponibles en ligne. Supposons, par exemple, que je m’intéresse à Emile Zola et qu’Emile Zola apparaisse dans des photos où, n’étant pas seul sur le cliché, son nom n’a pas été légendé. Il suffit que le visage de Zola ait été identifié sur un autre cliché, formellement légendé, par Polar Rose, pour que le moteur de recherche me soumette ces documents, qui sans cela, seraient passé hors de ma recherche. Comme on est là dans du web communautaire, Polar Rose compte sur les internautes (le système leur sera fourni par un plug-in) pour se charger de tout ou partie du travail d’identification. Ces outils magiques, qui viennent s’ajouter à l’indexation de l’écrit et aux liens hypertextes, donnent une autre dimension au web. La vraie fracture numérique ne sera pas entre d’un côté les utilisateurs d’Internet et de l’autre les exclus, car, à terme, tout le monde ou presque surfera sur la Toile (le fameux projet d’ordinateur à 100 euros pour les pays émergents avance son bonhomme de chemin). La vraie fracture numérique sera plutôt entre les utilisateurs passifs et moutonniers du web, et ceux qui en auront un usage virtuose grâce aux multiples sources de recherche et d’indexation qu’ils sauront maîtriser.