Fils d’un père avocat, Samuel Philips Savage nait en 1940 en Caroline du Sud. Au début des années 1960, il s’engage dans le mouvement des droits civiques, en plus d'être recruté comme chef de la rubrique poésie du magazine littéraire local Reflections. Il poursuit ensuite des études de philosophie à l’université de Yale et acquiert son doctorat en 1968 grâce à une thèse sur la pensée politique de Thomas Hobbes.
Ce n’est qu’après une vie de petits boulots – réparateur de vélo, charpentier, pêcheur – que Sam Savage se consacre à l’écriture, au crépuscule de son existence. Il parvient toutefois à publier cinq romans, dont le plus célèbre, Firmin, paru en 2006 en version originale, a conquis l’Europe suite au rachat des droits de l’œuvre par l’éditeur espagnol Seix Barral à l’éditeur américain Coffee House Press en 2007.
"Firmin a été libérateur"
Le roman se présente sous la forme de l’autobiographie d’un rat de Boston, 13e enfant d’une mère alcoolique, vivant dans le sous-sol d’une librairie. Alors qu’il cherche à se rassasier, il consomme un exemplaire de Finnegans Wake de James Joyce (Gallimard, 1982, traduit de l’anglais par Philippe Lavergne) et devient soudainement capable de lire et de penser abstraitement.
"Ecrire Firmin a été libérateur, confiait Sam Savage au Telegraph en 2008. Bien sûr, on me demande pourquoi j’ai attendu aussi longtemps pour écrire un roman. J’ai toujours voulu être écrivain, mais la personne qui a écrit Firmin n’est pas celle que j’étais plus jeune. La thématique centrale du roman est l’échec, et j’ai vécu cela – l’impossibilité d’écrire, ou de compléter un livre. A 30 ans, on ne peut pas avoir intériorisé cette expérience parce qu’on pense qu’on va parvenir à nos fins : il faut atteindre un certain âge pour prendre conscience que nos projets ne se réaliseront pas."
L’éditeur britannique du romancier Weidenfeld & Nicholson a fait part dans un tweet de sa "tristesse" et a rendu hommage à son œuvre principale, "un classique qui perdurera comme la preuve que la lecture sublime la vie". "Les amateurs de littérature se sentent orphelins. Le monde des lettres est en deuil" a de son côté déclaré son éditeur espagnol Seix Barral. Son dernier roman paru en France, Moi, Harold Nivenson (traduit de l’anglais par Marc Amfreville), a été publié chez Noir sur blanc en 2017.