La promotion de la lecture prend une multitude de visages. Dans la période récente, la France (ses élus) a opté pour la mise en place de bâtiments à la modernité affichée. Les non usagers étaient censés être captés par l’architecture audacieuse. Hélas, nos contemporains ne se ruent pas toujours en masse vers ces monuments témoignages d’une époque où l’on pensait qu’il suffirait de proposer de beaux équipements pour qu’ils se remplissent. Passée l’excitation de l’ouverture, la curiosité s’émousse et les pas se mettent à contourner ce qui apparaît comme un vestige ou une curiosité à nombre de nos concitoyens les moins familiers de la lecture. Une autre approche est possible et voit le jour. Il s’agit d’aller vers le public où il se trouve. Des initiatives existent (par exemple Lire à la plage sur la côte normande) qui mériteraient une plus grande reconnaissance. Une idée innovante nous vient du monde hispanique. Après Santiago du Chili et Bogota, la municipalité de Madrid a installé depuis 2005 un dispositif de prêt de livres dans 12 stations importantes du métro de la ville. Les voyageurs ont ainsi accès à des points de proximité pour assouvir leur envie de lire. Une sélection de 500 titres de la littérature (y compris théâtre et poésie) du monde entier a été effectuée (moitié d’auteurs espagnols ou latino-américains et moitié des autres pays) par un groupe composé de libraires, spécialistes et écrivains. La liste qui est la même pour toutes les stations ( ici ) révèle la présence de classiques de la littérature (Balzac, Cervantès, Neruda, etc.) mais aussi d’auteurs contemporains reconnus de littérature générale (P. Auster, D. Lodge, etc.) ou de genre (A. Camilleri,.A. Christie, etc.). Le souci de diversité s’accompagne d’une offre massive puisque chaque station propose 3000 volumes (6 exemplaires par titre). Par une judicieuse présentation (paroi translucide devant les rayonnages ici ), les voyageurs peuvent consulter le fonds qui leur est proposé. Le prêt suppose une inscription (le service est utilisable par ceux qui ont déjà une carte de bibliothèque) mais il est gratuit et d’une durée de 15 jours renouvelable. Le service est ouvert en semaine de 14h à 20h mais les retours peuvent s’effectuer par des boîtes intégrées à chaque module en dehors de ces horaires. Les usagers peuvent rendre les livres dans n’importe quel point du réseau. D’après les statistiques recueillies (merci à M. Brahiti), on dénombre 98898 prêts en 2008 pour 13950 lecteurs. Pour donner un ordre de grandeur, en tenant compte du fait que les collections ne sont pas destinées au public jeune qui représente environ 40% des prêts, Bibliométro représente plus de la moitié des prêts de livres enregistrés dans des villes telles qu’Argenteuil, Blois ou Valence et autant qu’à Melun ou Montbéliard. Nul doute qu’une ouverture des collections vers davantage de littérature populaire ou vers la bande dessinée générerait un accroissement des prêts et une promotion plus large de la lecture. Devant ce succès, le maire de Madrid envisage d’implanter des points de lecture équivalents dans d’autres lieux de la ville : parcs, places, centres commerciaux. Initiatives souples et réactives qui sont à suivre et pourraient être reproduites de ce côté-ci des Pyrénées, non ?
15.10 2013

Les dernières
actualités