Nasreen, qui s'était exilée en Europe en 1994 après avoir été accusée de blasphème par des extrémistes à la suite de la publication d'un roman, a annoncé qu'elle ne se sentait plus en sécurité à New Delhi où elle s'était installée.
"Ai été menacée par des islamistes qui ont tué des blogueurs athées au Bangladesh. Inquiète", a-t-elle twitté. "Rentrerai quand me sentirai en sécurité".
Was threatened by Islamists who killed atheist bloggers in B'desh.Worried.Wanted to meet GOI.No appointment.Left.Will be back when feel safe
— taslima nasreen (@taslimanasreen) 3 Juin 2015
L'auteure âgée de 52 ans a précisé qu'elle avait demandé un rendez-vous au ministre indien de l'Intérieur Rajnath Singh après avoir reçu ces menaces de mort mais qu'elle n'avait eu aucune réponse.
Cette décision intervient peu après le meurtre à la machette au Bangladesh d'un blogueur libre-penseur, Ananta Bijoy Das, troisième meurtre de ce type d'un blogueur dans le pays depuis février. Des radicaux islamistes sont soupçonnés de ces meurtres.
Das avait écrit un poème laudateur envers Nasreen, qui a quitté le Bangladesh après la publication de son roman Lajja (La honte), paru en 1994, dans lequel elle décrit la vie d'une famille hindoue persécutée au Bangladesh, pays à 90% musulman.
Le Bangladesh connaît une montée de violences religieuses extrémistes depuis quelques années. Au moins cinq blogueurs ont été attaqués depuis 2013 par des islamistes après qu'un groupe extrémiste, Hefazat-e-Islam, eut demandé la mort des athées organisant des manifestations contre la montée de l'islamisme radical.
Après avoir quitté le Bangladesh, Nasreen s'est exilée pendant dix ans en Europe et aux Etats-Unis avant d'obtenir un permis de résidence temporaire en Inde en 2004. Cette gynécologue de formation a la nationalité suédoise mais demande à l'Inde de lui octroyer un permis permanent de résidence. Elle rappelle sur son compte Twitter qu'elle a souvent été aux Etats-Unis pour y faire des lectures et voir sa famille. "Je n'ai jamais quitté l'Inde de façon définitive. Le gouvernement indien a toujours assuré ma sécurité" explique l'écrivain sur son fil Twitter.
Comme clin d'œil, elle cite Charlie Chaplin, autre artiste qui avait dû s'exiler en Suisse après avoir été accusé d'être communiste aux Etats-Unis.
''Nothing is permanent in this wicked world - not even our troubles.'' --Charlie Chaplin
— taslima nasreen (@taslimanasreen) 3 Juin 2015