Phénomène : "Dire non", l’appel de Plenel
Dans Dire non, Edwy Plenel, cofondateur et directeur de Mediapart, invite les citoyens à réinventer la République, en refusant de céder à la fatalité et aux sirènes de l’extrême droite.
Entre les éditions Don Quichotte et Edwy Plenel, c’est une affaire qui roule. Un an après Le droit de savoir, qui s’intéressait aux enjeux politiques du journalisme et qui s’est vendu à 15 000 exemplaires, le nouveau manifeste du directeur de Mediapart, Dire non, est numéro un des ventes d’essais et se classe en 13e position du Top 20, tous genres confondus.
En ce temps d’élections municipales, l’appel du journaliste à un sursaut démocratique et social des citoyens trouve un écho favorable. D’autant que plusieurs émissions de télévision lui ont récemment offert une plateforme d’expression idéale. Il était notamment l’invité de Laurent Ruquier, le 15 mars, dans "On n’est pas couché" où, chose étonnante, le livre a reçu un accueil positif de la part des deux chroniqueurs, Aymeric Caron et Natacha Polony, souvent en désaccord sur les questions politiques.
Tiré à 38 000 exemplaires depuis sa parution le 13 mars, Dire non renvoie dos à dos l’agressivité du sarkozysme et l’apathie du hollandisme, qu’il accuse tous deux d’impuissance face à la crise économique et morale. Cet ouvrage, comme traversé par des fantômes bienveillants, s’ouvre sur une dédicace à Stéphane Hessel et sur une citation d’Aimé Césaire, tirée de Moi, laminaire… : "Il n’est pas question de livrer le monde aux assassins d’aube." Edwy Plenel se réfère par ailleurs au communiste italien Antonio Gramsci, arrêté par les fascistes en 1926 et mort quelques jours après sa sortie de prison en 1937, pour qui "la crise consiste justement dans le fait que l’ancien meurt et que le nouveau ne peut pas naître".
Selon l’auteur, face à une classe politique globalement décevante, partagée entre une droite qui a libéré les "monstres" en faisant sauter les verrous du racisme, de la haine et du repli sur soi, et une gauche qui a renoncé à certaines de ses valeurs essentielles, la tentation de céder au fatalisme ou aux extrêmes est grande. Mais s’il compare la France à un Titanic, Edwy Plenel souhaite avant tout délivrer un message d’espoir en invitant les lecteurs à s’emparer de la politique.