Avant-critique Roman

Il est probable que Jean Cocteau, homme de vaste culture, lorsqu'il réalisa en 1946 son film La Belle et la Bête, adapté du célèbre conte de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont (dans Le magasin des enfants, en 1756), connaissait les tableaux (anonymes) du château d'Ambras, près d'Innsbruck, jadis propriété de Ferdinand de Habsbourg, comte de Tyrol, représentant différents membres de la famille Gonzales : notamment le père, Pedro, et sa fille Madeleine. Des gens dont l'existence est attestée, qui vécurent à la cour de France aux XVIe et XVIIe siècles, et qui avaient tous une particularité (sauf la mère, Catherine Raffelin, par ailleurs une méchante femme) : ils souffraient de ce qu'on appelle une hypertrichose congénitale. En clair, ils étaient poilus, hyper-velus. Monstrueux - voir les reproductions à la fin du roman de Mario Pasa. Surtout à une époque encore prête à croire au diable, aux sorcières, aux maléfices. Ambroise Paré, lui, qui fut le protecteur et le professeur de la petite Madeleine, d'une grande intelligence, s'intéressa en tant que scientifique et ami à leur existence. C'est tout ce que l'on sait d'eux. L'occasion était trop belle, pour un écrivain érudit, de revisiter cette histoire de façon originale : à la première personne, il fait parler Madeleine, d'outre-tombe. Elle est brillante, drôle, et n'a pas sa langue dans sa poche pour croquer les grands de son temps, qu'elle a côtoyés. Mario Pasa, en revanche, lui prête une triste fin. Pauvre Bête.

Mario Pasa
L'infante sauvage
Actes Sud
Tirage: 2 800 EX.
Prix: 22 € ; 224 p.
ISBN: 9782330173883

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