Compte à rebours. Se donner la mort comme s'abstenir de se reproduire sont, selon Schopenhauer, les deux choses qui caractérisent l'humain et le différencient de l'animal - seul l'homme est en mesure de nier le vouloir-vivre, cette vérité ultime du monde qui nous fait perdurer dans l'existence en dépit de toute la souffrance qu'elle engendre.
Claudie a certes eu deux filles, aujourd'hui des femmes adultes, mais elle entend bien prendre sa fin de vie en main. Elle en a fixé le jour, ce sera vendredi, c'est décidé ! Elle l'a dit à la cadette Noémie qui a relayé l'information à l'aînée Katia, narratrice de Maman se suicide vendredi de Marianne Maury Kaufmann. Noémie a toujours gardé un rapport plus étroit avec leur mère, quoique Claudie n'ait jamais été très maternelle, « pas mon truc », du propre aveu de la génitrice. Katia, elle, serait plutôt du genre à prendre la tangente, à fuir cette femme excentrique, autocentrée, vivant recluse dans son « appartement de vieux », ressassant ses vieilles histoires et renouvelant ses lubies. Mais cette fois, il faudra s'y coller : se rendre auprès de celle qui a programmé sa mort. Katia, qui fait des listes pour organiser le chaos de sa vie, a même inscrit « SC » (Suicide Claudie) dans son agenda... Dans ce roman grave et tendre, mais non exempt d'humour, Marianne Maury Kaufmann dit toute la complexité des relations parent--enfant, surtout lorsque le parent n'a pas pu être un enfant, et interroge le mystère de l'élan vital qui fait survivre au pire que seul rédime l'amour. Claudie avait été déjà morte : petite fille, elle avait connu les camps.
Maman se suicide vendredi
Maurice Nadeau
Tirage: 1 500 ex.
Prix: 18 € ; 144 p.
ISBN: 9782862315942