Avant-critique Roman graphique

Marguerite Abouet, Clément Oubrerie, "Aya de Yopougon. Vol. 7" (Gallimard Bande Dessinée) : Aya, Bintou, Adjoua et les autres

Aya de Yopougon, de Marguerite Abouet, qui sera à La Grande Librairie - Photo © Gallimard/Abouet et Oubrerie

Marguerite Abouet, Clément Oubrerie, "Aya de Yopougon. Vol. 7" (Gallimard Bande Dessinée) : Aya, Bintou, Adjoua et les autres

Douze ans après la fin d'Aya de Yopougon, Marguerite Abouet et Clément Oubrerie relancent avec un septième tome la série qui les a fait connaître.

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Par Fabrice Piault,
Créé le 17.09.2022 à 10h00

Aya de Yopougon : six volumes hauts en couleurs, au propre comme au figuré grâce à des personnages, des situations et des dialogues particulièrement pittoresques. Ils ont été publiés de 2005 à 2010, et une intégrale en deux tomes est parue en 2016. On croyait ainsi terminée l'aventure à succès qui a simultanément fait connaître l'autrice d'origine ivoirienne Marguerite Abouet, née en 1971 à Abidjan, où elle a puisé les idées de la série, et Clément Oubrerie, né à Paris en 1966, qui s'y est révélé au dessin avant d'enchaîner avec Pablo ou Une aventure de Renée Stone (avec Julie Birmant, Dargaud), Les royaumes du nord (avec Stéphane Melchior, Gallimard BD) ou encore À mains nues (avec Leïla Slimani, Les Arènes). Le couple d'auteurs se retrouve pourtant pour un septième volume qui reprend douze ans après, comme si de rien n'était, le fil des aventures d'Aya et de ses amies Bintou et Adjoua dans l'Abidjan du tout début de la décennie 1980.

Tout juste ce nouvel opus est-il influencé par les expériences audiovisuelles des auteurs qui ont coréalisé en 2013 un dessin animé adapté de la bande dessinée, tandis que Marguerite Abouet a aussi signé une série pour la télévision sénégalaise. Mené tambour battant comme les précédents, le septième volume oriente la série dans le sens d'une sitcom chic, où les aventures des différents personnages sont déployées de front dans des univers différents, façon sketchs. Adjoua, qui tient toujours un maquis (restaurant-café) dans le quartier populaire de Yopougon, incarne la continuité. Bintou, en revanche, a déménagé dans le quartier cossu de Cocody depuis qu'elle est devenue une actrice célèbre, ce qui lui vaut bien des déboires. Innocent est à Paris, en couple avec Sébastien, mais peine à obtenir des papiers. Quant à Aya, étudiante à Abidjan, elle s'est vengée de son professeur harceleur mais reste réservée devant Didier, le gentil magistrat amoureux d'elle, tout en étant contrainte de faire un stage dans l'entreprise où travaille son père et où elle se trouve à nouveau confrontée aux escrocs et trafiquants au petit pied, Grégoire et Moussa.

On éprouve, en retrouvant cet univers et ses personnages plus truculents les uns que les autres, un plaisir intact. Au dessin et aux couleurs (avec Pascale Drac et Reiko), Clément Oubrerie replonge avec aisance dans son élément. Au scénario, Marguerite Abouet continue d'épater en déclinant avec bonheur le langage fleuri qui fait l'originalité de la série. Douze ans après, Aya de Yopougon n'a rien perdu de sa fraîcheur.

Marguerite Abouet, Clément Oubrerie
Aya de Yopougon. Vol. 7
Gallimard
Tirage: 60 000 ex.
Prix: 18 € ; 128 p.
ISBN: 9782075163989

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