Livres Hebdo : En vous lisant, on a l’impression que vous avez commencé à vous passionner pour la guerre en Ukraine en tant que citoyen et que, dans un deuxième temps, le romancier a cherché à synthétiser les différents aspects de ce conflit à travers l’histoire d’une famille prise par cette guerre. Quelle a été la genèse de ce roman ?

Marc Levy : C'est en écrivant, il y a quatre ans, le roman C'est arrivé la nuit que j'ai commencé à enquêter sur les concentrations de pouvoir, les associations d'autocrates. J'ai mené une enquête approfondie sur les moyens investis dans la désinformation et les tentatives de corruption lors des élections de 2016 aux États-Unis, et mon attention s’est portée sur le projet global que menait Poutine. Comme tous ceux qui se sont intéressés de près aux agissements de Poutine, la guerre menée contre l’Ukraine me paraissait plus que probable, et je l’évoquais avant qu’elle ne débute dans mon roman NOA. 

Les libertés, les démocraties nourrissent mon travail depuis très longtemps. J'ai voulu partager ce que j'avais appris, sans jamais donner de leçon ; raconter. Je crois que la grande Histoire est faite des petites histoires que vivent les gens. Celles des personnages de La Symphonie des monstres, Veronika, Lilya et Valentyn, comme tous ceux qu’ils côtoient, en sont autant d’exemples. 

La guerre bouleverse la vie des protagonistes. Vous montrez sa violence, son injustice, la folie du projet russe d’éradiquer la culture ukrainienne. Mais vous semblez vouloir éviter la violence gratuite, le trash, et faire ressortir le côté humain de vos personnages. Est-ce une intention consciente et assumée ?

Oui, absolument. Les atrocités de la guerre sont retransmises aujourd'hui quasiment en temps réel sur les réseaux sociaux. Mais ces atrocités ne nous mobilisent pas autant qu'elles le devraient. Il faut connaître ceux qui les subissent, s'identifier, comprendre et surtout ressentir que ces vies sont aussi les nôtres et celles de nos proches. J'ai voulu emmener mon lecteur au cœur du conflit, mais plus que de lui faire entendre le bruit des bombes, j’ai cherché à lui faire rencontrer des gens qui nous ressemblent, à l’entraîner dans un voyage plein d’humanité et loin du sensationnalisme.

Ce roman est relié à Série 9, mais ses protagonistes ne font pas partie du groupe. On pourrait y voir comme un spin-off dans le monde des séries télé. Quelle est l’articulation entre la série et la Symphonie des monstres ?

La Symphonie des monstres n’est pas une suite des 9, mais une histoire à part entière dans laquelle des personnages auxquels je suis attaché sont présents, car leurs connaissances et leurs compétences appartiennent au récit. Et toute ressemblance avec des personnes existantes n’a rien de fortuite.

Aurélie Valognes, Mélissa Da Costa, Virginie Grimaldi… une nouvelle génération d’autrices vous ont rejoint dans le classement des meilleures ventes. Les lisez-vous ? Ont-elles une influence sur ce que vous écrivez ?

Je les lis, avec beaucoup de plaisir, j’aime leur travail et je me réjouis de leur succès. Nous avons des univers très différents, et de ce fait leur écriture me touche en tant que lecteur, mais ne peut pas m'influencer dans mon travail.

(1) La Symphonie des monstres, (Robert Laffont/Versilio) est également disponible en livre audio chez Lizzie (lu par la comédienne Audrey Sourdive).