Les rencontres ont fait le plein, comme ici le "labo de l'édition" jeudi - Photo Les Correspondances de Manosque / Nicolas Serve
À Manosque, la critique littéraire fait école
Le festival des Correspondances de Manosque a proposé un nouveau rendez-vous lors de sa 25e édition qui s’est tenue du 20 au 24 septembre, un atelier de critique littéraire qui, comme l’ensemble de sa programmation, a trouvé son public.
Par
Éric Dupuy à Manosque, Créé le
24.09.2023
à 14h43, Mis à jour le 02.10.2023 à 17h35
Le festival des Correspondances de Manosque a lancé un nouveau rendez-vous lors de sa 25e édition qui s'achève ce dimanche 24 septembre. L’atelier de critique littéraire a affiché complet, samedi matin, comme l’ensemble de la programmation de la manifestation littéraire.
Au cœur de la critique
Quinze heureux élus, pour la plupart retraités venus de Lyon, Nice, Vaison-la-Romaine ou bien évidemment Manosque, ont pu écouter Pierre Benetti, critique littéraire du journal en ligne En attendant Nadeau, distiller ses conseils pour faire la critique d’un ouvrage. En l’occurrence, il s’agissait du roman Les Alchimies de Sarah Chiche, paru aux éditions du Seuil. Une courte majorité des participants l’avait déjà lu, avec des avis très divergents. « Il faut trouver les prises de l’objet qu’on détient, qui est construit d’une certaine manière et généralement unique », commence l’animateur, pour qui ce format est également une première.
Le critique littéraire Pierre Benetti assure une masterclass devant quinze passionnés de lecture- Photo ED
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Trois heures durant, le groupe a décrypté l’ouvrage et défini un chemin pour rédiger une critique et faire place à l’œuvre. « C’était très intéressant, s’est réjouie Suzanne, j’ai appris beaucoup sur les questions à se poser quand on lit un livre à critiquer, mais j’aurais aimé avoir plus de billes sur la technique de lecture. » « C’était très conceptuel», avoue Jean-Loup, qui n’avait pas lu le livre au préalable.
Neige Sinno très attendue
Il s’est consolé à la sortie en écoutant la toute jeune Alice Renard évoquer son premier roman La Colère et l’Envie, publié chez Héloïse d’Ormesson. La tout juste titulaire d'un master en histoire médiévale fait partie des six primo-romanciers invités aux portes du Luberon. Et comme pour toutes les rencontres, que ce soit avec la tête d'affiche ÉricReinhardt ou celle en devenir Eden Levin, toutes les places sont occupées. Jean-Loup doit rester debout. Au même moment, à deux pas de là, la place Marcel-Pagnol est aussi comble pour écouter la très attendue Neige Sinno. Son récit autobiographique Triste Tigre, paru chez P.O.L, a remporté le prix Le Monde et se retrouve dans la plupart des sélections des grands prix d’automne. La romancière, qui vit au Mexique, a accepté peu de temps avant le début du festival de programmer une deuxième rencontre, compte tenu des sollicitations qu’elle génère depuis la parution du titre.
Neige Sinno présente son ouvrage Triste Tigre (POL) aux 25e Correspondances de Manosque- Photo ED
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Très généreuse dans son discours, l’enseignante a ensuite pris le temps de dédicacer une vingtaine d’ouvrages mis à disposition par Dominique Gallard, la gérante de la librairie Le Petit Pois. D’une place de la ville à l’autre, elle partage la vente des livres des 48 auteurs invités durant les cinq jours du festival. « Je réalise presque autant de chiffre d’affaires en cinq jours qu’au mois de décembre», affirme-t-elle. Et cette année, malgré un début poussif le jeudi au temps incertain, la libraire prévoit de faire un chiffre plus important que l'année dernière, grâce à un afflux plus grand de public vendredi et samedi.
La jeunesse n'a pas boudé son plaisir de participer à la "lecture dessinée" de Thomas Scotto et Regis Lejonc- Photo LES CORRESPONDANCES DE MANOSQUE / NICOLAS SERVE
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Une satisfaction pour le jeune maire de Manosque, Camille Galtier. S'il ne souhaite pas rentrer dans le décompte des profits générés par le rendez-vous, il consacre à ce dernier une part non négligeable de son budget culture. L’agglomération de communes dont il vient de prendre la présidence subventionne à hauteur de 130 000 euros l’association organisatrice des Correspondances, dont le budget total s'élève à 430 000 euros, selon la mairie, avec 250 000 euros d’aides publiques en ajoutant la participations des autres collectivités territoriales. « Tant que je serai maire et donc au moins jusqu’en 2026, les Correspondances auront l’appui de la commune», assure-t-il solennellement à Livres Hebdo. De quoi rassurer l’organisation, dirigée par Olivier Chaudenson et Evelyn Prawidlo, qui gèrent deux salariés à temps plein à Manosque toute l’année et près de 40 employés lors de la semaine du festival. « Cette édition était pleine de joie, avec de très belles rencontres, certaines profondes et d'autres plus légères, sur le ton de l'humour, se satisfait la codirectrice du festival. Tous les éditeurs m'ont fait part de la qualité du public, toujours fidèle et très attentif », conclut-elle.
Dès mardi, la vie reprendra son cours à Manosque, débarrassée des écritoires publics disséminés partout dans la ville… Seule une partie de l’âme de la rentrée littéraire, qui a annexé la commune de Jean Giono durant cinq jours, sera conservée dans les rayons des deux librairies manosquines.
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Par
Élodie Carreira
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