Après avoir rappelé ce qu’on sait des conditions de détention inhumaines de Boualem Sansal, actuellement au secret absolu à l’hôpital Mostfa d’Alger, Antoine Gallimard a prié l’opinion française de demeurer mobilisée, vigilante. Il a également indiqué que des points presse continueront d’être tenus régulièrement, « jusqu’à la libération de Boualem, que nous obtiendrons. N’en doutez pas ! »

À sa suite, MeFrançois Zimeray, l’avocat français mandaté par la maison d’édition pour défendre Boualem Sansal, a dressé un état accablant de la situation. « En dépit de mon respect de la procédure algérienne, en liaison avec mes confrères algériens (qu’il n’a toujours pas rencontrés, ndlr), ignorant les polémiques ignobles dont j’ai été l’objet dans la presse algérienne et sur les réseaux sociaux, j’avais prêché la modération, dans l’intérêt de Boualem. J’ai eu tort ! Quatre mois après son arrestation, assurer la défense de mon client est impossible. Mes demandes de visa n’ont obtenu aucune réponse, et je n’ai aucun accès à la justice algérienne. Je ne peux pas faire mon travail, et ce, en violation de tous les droits fondamentaux de Boualem et de la défense. Cet homme âgé et malade subit un traitement arbitraire, une détention abusive, dégradante, et psychologiquement dangereuse ».
Vitesse supérieure
À son avis, « Sansal est clairement l’otage de la relation en feu entre l’Algérie et la France », et les efforts de la diplomatie française n’ont trouvé, pour l’instant, aucun écho à Alger. Aussi, le pénaliste a-t-il décidé de passer à la vitesse supérieure : « Dès demain, nous allons envoyer un mémoire aux organisations internationales compétentes, dont l’Algérie est membre et a signé les conventions : Haut commissariat aux droits de l’homme de l’ONU, Unesco, Organisation de l’Unité africaine ».

Cette démarche, complexe mais bien balisée, peut s’avérer longue, et n’a pas de « force impérative », mais Me Zimeray estime qu’elle met en jeu l’image de l’Algérie sur la scène internationale, ce qui pourrait constituer un levier de pression. « Comment l’Algérie, qui viole les droits de l’homme les plus fondamentaux, peut-elle être membre du Conseil de sécurité de l’ONU ? »
On le voit, l’affaire Sansal est en train de prendre une dimension de plus en plus internationale. Ce que confirme l’écrivain Kamel Daoud, lauréat du prix Goncourt 2024, lui aussi dans le collimateur du pouvoir algérien. Il rentre d’animer une réunion de soutien à Boualem Sansal, à Berlin. « Il faut sortir, explique-t-il, de l’aspect bilatéral franco-algérien de ce dossier. Boualem, c’est justement le lien entre les deux pays. Et ce lien est rompu, interdit, mis au secret. Si nous nous taisons, si nous subissons les attaques contre la liberté d’expression, un jour peut-être ce sera notre tour. Je n’ai pas parlé durant longtemps, mais aujourd’hui je le dis haut et fort. L’Algérie, c’est mon pays, je l’aime et j’y reviendrai un jour ! » On l’y suivra.