Lancée il y a dix ans tout ronds par Sony, la liseuse à encre électronique se trouve déjà cantonnée dans une niche : celle des gros lecteurs, catégorie en voie de raréfaction et supposée rétive aux écrans. Ces machines à lire qui leur sont spécialement destinées résistent pourtant à la déferlante des tablettes et des smartphones XXL (les "phablettes"), de plus en plus utilisés pour la lecture.
Le pionnier Sony a abandonné le terrain cette année, et Barnes & Noble met plus en avant son partenariat avec Samsung que sa Nook. Mais le dynamisme des marques toujours présentes montre que subsiste un réel potentiel de développement, et un point d’intérêt commun avec les libraires.
En France, Bookeen fait mieux que résister face aux trois concurrents restants, Amazon avec son Kindle, Kobo et Pocket Book. Le concepteur français a présenté ses modèles de fin d’année, commercialisés en novembre : la Muse, modèle milieu de gamme vendu de 80 à 100 euros suivant que l’écran de 6 pouces est éclairé ou non, et l’Ocean, doté d’un écran 8 pouces, qui se rapproche d’un livre grand format, à 179 euros.
Chaque marque cherche le moyen de se distinguer de ses concurrents, alors que tous doivent travailler avec E-Ink, fabricant taïwanais en situation de quasi-monopole, qui subit toutefois le déclin des ventes (CA en chute de 30 % en 2013, à 486 millions d’euros, et - 50 % par rapport au record de 2011). Le canadien Kobo, qui a beaucoup travaillé le design de sa liseuse Aura, et l’ukrainien Pocket Book ont fait parler d’eux avec leur dernier modèle résistant à l’eau. Amazon s’attache à rester le moins cher du marché avec un appareil d’entrée de gamme aux performances améliorées (doté d’un écran tactile, indispensable maintenant) mais au prix inchangé de 59 euros. Aux Etats-Unis, un Kindle Voyage haut de gamme et ultra fin de 7,6 mm (contre 8 mm pour la liseuse de Bookeen) avec un écran haute résolution de plus de 300 DPI est vendu de 199 à 289 dollars (154 à 224 euros), suivant son équipement, soit plus cher que la tablette d’entrée de gamme d’Amazon. H. H.