4 mai : roman Irlande

"Il me semble parfois que nous écrivons notre vie à l’avance… Malgré tout ce qu’elle doit à l’imagination, la littérature prend des chemins inimaginables." Ainsi s’exprime Colum McCann dans la postface de son nouveau livre, Treize façons de voir. L’auteur irlandais - de Danseur, Et que le vaste monde poursuive sa course folle ou Zoli - y réunit cinq histoires dénonçant les multiples visages de la violence. Et pour cause, il confie avoir été lui-même agressé il y a quelques années dans le Connecticut.

Une partie de ce livre était déjà écrite, comme s’il y avait une part prémonitoire dans ce travail fictif. Mais d’autres morceaux se sont insinués, ensuite, entre ces pages impitoyables. "Guerres, coups d’Etat, rébellions, révolutions, un éventail de misères" envahissent nos écrans pour refléter ce monde à cran qui nous paraît souvent incompréhensible. Sa nouvelle sur l’Afghanistan surgit de l’imagination d’un écrivain en panne d’inspiration. Ce conte pour Noël s’aventure vers un conflit qui n’en finit pas. Une femme soldat se demande ce qu’elle fait là. Alors qu’elle se bat pour la paix, c’est la haine qui anime le jeune Jamie. Il est licencié d’un chantier et ne trouve que la voie des armes pour exprimer son désarroi.

Une bonne sœur préfère taire ses meurtrissures, survenues lors de sa détention dans la jungle colombienne. Lorsque son violeur apparaît à la télé, son passé lui saute à la figure. Ce sont aussi les fantômes du passé qui harcèlent l’esprit d’un octogénaire. Qu’a-t-il transmis à sa famille ? Toujours ces mots qu’on ne dit pas. Et puis il y a ceux qui manquent comme "sh’khol", décrivant un parent ayant perdu un enfant. Qu’elle soit sociale ou intime, sournoise ou révélée, tournée vers les autres ou soi-même, la violence est un caméléon diffusant inexorablement son poison. K. E.

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