Il faut d’urgence se rendre dans le détroit de Malangen. Dans une île reculée au nord de la Norvège, Kvalaya. C’est là que John Burnside a planté le décor naturel de son nouveau roman. Un cru d’exception où l’on apprend la mort, fin mai 2001, de Mats Sigfridsson. L’étudiant s’est noyé après être sorti seul à bord d’un canot. Dix jours plus tard, il en était de même pour son jeune frère Harald, disparu par une nuit calme, baignée de lune. Pour l’un des habitants de l’île, Kyrre Opdahl, les deux garçons n’ont pas été victimes d’une coïncidence ou de malchance. Ils ont été "choisis", emportés par la "huldra", une force mystérieuse…
La narratrice de L’été des noyés, Liv, connaissait les défunts. La jeune fille vit avec sa mère dans une maison grise. Maman, Angelika Rossdal, est une peintre solitaire mais ne manquant pas de prétendants qui viennent la visiter chaque samedi entre 11 heures et 2 heures. Parfois, un journaliste fait également le déplacement pour parler de son œuvre, l’entendre expliquer qu’elle s’est installée là pour la lumière. Tel Frank Verne dont la voix est "douce et trop intime" selon Liv. Un Verne que maman invite même à rester dormir. Liv ne s’ennuie pas. Elle compulse des livres d’art, se promène, braque ses jumelles sur la grève et les prairies. Elle est à l’affût, prête attention, dit qu’elle aime "l’intact".
Son père absent, elle n’en connaissait pas l’identité avant de recevoir une première lettre lui parlant de lui. Parfois, Liv discute aussi avec Kyrre Opdahl, fameux conteur aux cheveux taillés ras, aux yeux gris étonnants, qui bichonne un bateau dont il ne se sert plus. Cette année, Kyrre loue sa maison à Martin Crobie. Un curieux type qui se déclare étranger à lui-même et qui est venu à Kvalaya avec ses livres et ses CD un été entier… Les lecteurs de John Burnside doivent prendre illico leur billet pour un lieu envoûtant et mystérieux. L’auteur d’Un mensonge sur mon père (Métailié, 2008, repris chez Points) les embarque pour un voyage qu’ils ne sont pas prêts d’oublier.
Alexandre Fillon
