Juliette Picquier n'a jamais été très loin de la littérature, mais ne s'imaginait pas forcément devenir éditrice. En 2014, alors qu'elle commençait en Angleterre un doctorat de littérature comparée, son père Philippe, fondateur de la maison qui porte son nom, lui rend visite à l'occasion de la Foire de Londres. « Nous étions devant un stand, à boire un café, quand il m'a annoncé penser à la retraite, se souvient Juliette Picquier. Il m'a demandé si j'étais intéressée. » Quelques mois plus tard, la future éditrice rentre en France et rejoint la maison en janvier 2015. « Je ne pouvais pas lui fournir de réponse sans avoir mis les pieds dans l'eau. Alors, nous nous sommes donné un an pour savoir si j'étais faite pour ce métier et si j'y prenais goût », raconte-t-elle. L'année s'est transformée en deux ans, pendant lesquels Juliette Picquier parfait son apprentissage, explore tous les postes. Et finit par annoncer son intention de rester. « J'étais convaincue. Ce n'est pas tant mon père mais vraiment la maison qui m'a convaincue », affirme celle qui est officiellement devenue cogérante et directrice de la maison au second semestre 2020. « La transmission s'est naturellement faite sur le long terme. Il était important qu'on travaille ensemble pendant quelques années pour qu'il n'y ait pas de cassure, estime l'éditrice. Il fallait quand même que je fasse mes preuves et il aurait été dommage de me priver des 40 ans d'expérience de mon père. » Si Philippe Picquier reste cogérant de l'entreprise qu'il a fondée, il laisse une entière liberté à son héritière et se contente désormais de suivre quelques projets éditoriaux. « Maintenant, il a gagné le droit de ne faire que ce qui l'intéresse », sourit Juliette Picquier. C. L.

Construite sur un modèle atypique, la librairie Tartinerie a vu le jour en 2000, à Sarrant (Gers), sous l'impulsion de Didier Bardy et Catherine Mitjana-Bardy. Festival d'illustration l'été, salon des plantes, colloques sur l'aménagement du territoire... Une grande partie de l'activité s'effectue hors les murs. Et c'est précisément sur l'un de ces événements qu'Hélène Bustos, alors journaliste chez Transrural initiatives, a rencontré Didier Bardy en 2009. « On se voyait ainsi deux à trois fois par an, puis je me suis rendue à la librairie pour la première fois en 2015. En 2018, ils ont commencé à parler de transmission. Nous sommes venus nous installer avec mon conjoint fin 2019 », se souvient celle qui a signé pour le rachat des parts sociales de cette SARL en mai 2020. « Ils étaient dans une volonté de transmission plus que de cession. Mais la passation sur le métier et sur l'esprit du lieu s'est aussi beaucoup faite grâce aux deux salariés qui étaient en poste et qui sont restés », rapporte Hélène Bustos. La transmission des réseaux et des multiples partenaires s'est cependant heurtée au Covid, se diluant dans le temps. « Il y a des acteurs locaux que je n'ai rencontrés qu'en 2021, souligne-t-elle. La difficulté majeure était de reprendre ce lieu créé par deux personnages charismatiques, des figures locales, et de continuer à faire vivre ça. » Pari relevé, puisque le lieu continue d'attirer, bien au-delà de ce village dynamique de 400 habitants, situé à une heure de Toulouse. S. L.

15.03 2024

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