Librairie : l’effet bande-annonce

Des romans et une BD adaptés pour le grand écran (Fnac Montparnasse, Paris). - Photo Olivier Dion

Librairie : l’effet bande-annonce

Les livres adaptés au cinéma sont présentés aux lecteurs avec un marketing remforcé. Les ventes suivent.

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Par Clarisse Normand
avec Créé le 11.10.2013 à 19h48 ,
Mis à jour le 08.05.2015 à 15h07

Depuis cinq-six ans, les livres faisant l’objet d’une adaptation cinématographique sont davantage marketés, observe Laurence Deschamps, chef de produit littérature à la Fnac. Les éditeurs impriment des bandeaux, rééditent les livres avec une nouvelle couverture… Pour les ouvrages du domaine public, c’est même à qui aura l’affiche du film. Et pour cause, ce sont ceux-là qui se vendent le mieux. » Et de citer l’exemple de L’écume des jours de Boris Vian dont les ventes, au sein de la Fnac, ont été multipliées par dix dans la foulée de sa réédition avec la référence au film en couverture.

Prolongeant l’action des éditeurs, l’enseigne joue aussi volontiers la carte des mises en place et, pour la prochaine sortie en salle début octobre d’Au bonheur des ogres, elle présentera le livre de Daniel Pennac dans des box situés dans divers points de passage du magasin «afin de susciter des achats d’impulsion ». Installant parfois les titres près des caisses, Anne-Sophie Thuard (Thuard au Mans) note que « le cinéma permet de dédramatiser la lecture et d’amener des non-lecteurs à lire. Dans les écoles, certains professeurs l’ont bien compris et en profitent pour prescrire des classiques faisant l’objet d’adaptations. Ainsi pour Gatsby le magnifique de J. Scott Fitzgerald, nos ventes vont presque doubler cette année ».

Pour Frédérique Franco (Le Goût des mots, Mortagne-au-Perche), les ventes liées à la sortie d’un film tiré d’une œuvre écrite sont toutefois « plutôt le fait de lecteurs. Ce sont les mêmes qui vont au cinéma et qui lisent. Pour autant, ils n’apprécient pas forcément la photo du film en couverture ».

En tout cas, la plupart des libraires s’accordent à reconnaître qu’un succès cinématographique dope souvent les ventes du livre auquel il se rapporte. En témoigne notre top 50 des meilleures ventes de 2012 avec pas moins de sept titres adaptés, dont L’amour dure trois ans de Frédéric Beigbeider, La délicatesse de David Foenkinos, La couleur des sentiments de Kathryn Stockett ou encore Hunger games de Suzanne Collins. Le poche, propice aux achats d’impulsion, est le rayon qui en profite le plus. C’est ainsi que Mille et une nuits a publié en juin Michael Kohlhaas de Heinrich von Kleist dans la perspective de la sortie du film en août.

Pour les libraires comme pour les éditeurs, une adaptation est l’occasion de faire revivre le fonds avec des ventes quasi équivalentes à celles d’une nouveauté. Cela a été le cas, ces toutes dernières années, pour Le parfum de Patrick Süskind, La route de Cormac McCarthy, De sang-froid de Truman Capote, Thérèse Desqueyroux d’Hervé Bazin… Chez Nordest, librairie parisienne proche du cinéma Louxor récemment rénové, Patrick Bousquet n’hésite pas à jouer l’actualité en proposant différents titres du fonds en lien avec la sortie d’un film. Ainsi pour Hannah Arendt, il a commandé plusieurs titres de l’auteure qu’il n’avait pas en stock et les a mis en avant sur table.

Avec le cinéma local.

Pour Pierre Morize (Liragif, Gif-sur-Yvette), « ce sont principalement les biopics qui, chez nous, ont un impact sur les ventes de livres car ils suscitent de la curiosité autour de la personne mise en scène. Les gens veulent en savoir plus. D’ailleurs, pour Séraphine, nous avons très bien vendu le livre de Françoise Cloarec ».

Conscients des liens naturels entre livre et cinéma, certains libraires vont plus loin et travaillent parfois sur des opérations ponctuelles avec le cinéma local, notamment en faisant écho à ses programmations… mais peu d’entre eux assurent une présence de livres sur place, contrairement à ce qui se fait parfois au théâtre.

< Clarisse Normand

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