Sans doute ne sauterons-nous pas tous comme des cabris en criant « L'Europe ! L'Europe ! L'Europe », pour reprendre la formule du général de Gaulle, jeudi 14 mars au soir, à l'inauguration du salon Livre Paris. Mais vu de l'édition en tout cas, l'espace européen à l'honneur de la manifestation à trois mois des élections au Parlement de l'Union s'est imposé comme un terrain naturel d'expansion, d'échanges et d'expériences. De Leïla Slimani à Riad Sattouf, de Christophe André à Virginie Despentes et Michel Houellebecq, nombre d'auteurs français ont acquis une dimension paneuropéenne. L'Europe ne les enrichit pas seulement pécuniairement. Comme le souligne Guillaume Musso dans ces pages, d'un pays à l'autre « on lit peut-être la même histoire, mais chacun la réinterprète à l'aune de ses valeurs, de ses spécificités et de son fond culturel ».
Parcourir l'Europe conduit à de constants allers-retours entre le semblable et le différent. Ceux-ci font toute la valeur du partage des pratiques professionnelles que le Bureau international de l'édition française suscite périodiquement. Cette année, le 18 mars à Livre Paris, et le 19 au Centre national du livre, 22 éditeurs d'une vingtaine de pays confronteront avec leurs confrères français leur vision de l'Europe du livre, de la circulation des écrits ou du droit d'auteur. Livres Hebdo apporte sa contribution décalée à la réflexion en piochant dans la boîte à outils de nos voisins européens dix idées qui pourraient inspirer dans l'Hexagone.
Parmi les manifestations de la réalité de l'Europe du livre, la forte présence des Français dans l'édition britannique n'est pas la moindre. Plusieurs dizaines de scouts, d'agents et d'éditeurs de l'Hexagone pratiquent leur métier outre-Manche. Tous s'inquiètent de la perspective du Brexit, le 29 mars. Sauteront-ils comme des cabris, du 12 au 14 mars, pendant la Foire du livre de Londres ?