Document exclusif à télécharger : les meilleures ventes des prix littéraires depuis 2000
L'idée reçue selon laquelle les prix littéraires se vendent de moins en moins n'est pas fondée. En tout cas, depuis six ans, comme le montre le tableau récapitulatif Livres Hebdo / Ipsos des ventes des principaux prix littéraires, chaque année est différente de la précédente. Une chose est sûre : les prix profitent surtout aux livres qui ont déjà séduit un large public.
2004, une année à part.
Par année, le niveau de vente moyen se situe entre 76 000 et 93 000 exemplaires. Deux exceptions : 2000 avec un Femina et un Renaudot qui font mieux que le Goncourt (soit trois livres au dessus des 190 000 ventes) et 2004 (presque 1,2 millions d'exemplaires pour le total des dix prix) . Ce millésime demeure remarquable, qu'il s'agisse des meilleures ventes du Médicis, du Renaudot, du Goncourt des lycéens comme du Goncourt décerné à Laurent Gaudé. Comparativement, 2005 fut évidemment décevante avec de très médiocres chiffres pour le Fémina, le Renaudot et l'Académie française. Pourtant c'est 2003 qui enregistre la moyenne la plus basse.
Presque 5 300 000 exemplaires vendus en six ans.
Les prix les plus vendeurs sont dans l'ordre le Goncourt, le Renaudot, le Fémina et quasiment ex-aequo l'Interallié et le Goncourt des Lycéens. Le Médicis et le prix du roman de l'Académie française pèsent mois que le Livre Inter.
Dans tous les cas, le Goncourt se trouve au dessus de tous les autres avec plus d’un quart des ventes des livres consacrés sur la période analysée.
Entre 2000 et 2005, les ventes moyennes du Goncourt atteignent 237 000 exemplaires (soit le chiffre de vente de Trois jours sur ma mère ). Il a donc encore cette valeur marchande qu'on lui prête, avec raison. Et si le score du Goncourt est faible, comme en 2002 avec seulement 81 000 exemplaires pour Les ombres errantes , il sera compensé par un Médicis étranger record ( La tâche ), un Goncourt des lycéens populaire (encore Laurent Gaudé avec La mort du roi Tsongor ) ou un bon Livre Inter ( Un soir au club ).
Effet amplificateur sur les best-sellers.
On voit donc que le prix a plus pour effet d'accompagner des livres déjà bien vendus que de créer un phénomène en librairie. Pour preuve les deux romans atypiques primés par l'Interallié : Beigbeder et Houellebecq avaient fait le plus gros de leur score avant la remise du prix. C'est aussi le cas des deux Goncourt les mieux vendus, Rufin et Gaudé. Et Littell prend le même chemin...
En revanche, un prix ne sauve pas un roman qui n'a pas déjà séduit le publit. Le Fémina 2005 (Régis Jauffret), le Goncourt des lycéens 2003 (Yann Apperry), le Renaudot 2002 (Gérard de Cortanze), ou encore l'Interallié 2001 (Stéphane Denis) n'ont jamais décollé dans les ventes, malgré leur couverture enrubannée.
2006 devrait faire taire ceux qui pensent que les prix littéraires ne sont plus populaires. Tiré par Les Bienveillantes , le crû 2006 (tous les prix littéraires 2006) s'annonce plutôt bon.
Méthodologie : le classement des meilleures ventes de l'année est réalisé par Ipsos pour Livres Hebdo. Les estimations indiquées ont été obtenues à partir des ventes réelles (ventes comptabilisées aux caisses des magasins), enregistrées depuis leur sortie jusqu'au 6 novembre 2006, en France métropolitaine, aurpès d'un échantillon représentatif de points de vente. Ce classement inclut à hauteur de leurs parts de marché tous les circuits de distribution de vente au détail : librairies de premier et de second niveau, grandes surfaces culturelles, hypermarchés. Il exclut des ventes réalisées à l'export et les Dom-Tom, les ventes par les grossistes et les ventes en ligne.