Jusqu'alors, la vulgarisation scientifique s'incarnait dans les médias soit par le rassurant philosophe Michel Serres, soit par les originaux en combinaisons futuristes Igor et Grichka Bogdanov. Aujourd'hui, les éditeurs ont trouvé une nouvelle génération de jeunes et charismatiques mathématiciens ou physiciens qui vous font aimer les sciences dures. Eminents spécialistes, voire génies dans leur discipline, on met leur photo en couverture des livres et on les envoie à la télévision, ou à la rencontre des journalistes de la presse féminine. Trois d'entre eux illustrent dernièrement ce phénomène. Dunod lancera le 27 mars Big bang et au-delà : balade en cosmologie d'Aurélien Barrau, un brun ténébreux qui, par sa formation philosophique, parle avec poésie et simplicité de ses autres spécialités que sont la physique des astroparticules, les trous noirs et la cosmologie. Bien qu'autiste, Daniel Tammet, 34 ans, sait faire partager sa fascination pour les nombres premiers et son émerveillement pour les mathématiques. Sa tournée en France pour la parution aux Arènes, le 17 janvier, de L'éternité dans une heure : la poésie des nombres a touché tous les types de médias, et les ventes atteignent en un mois 25 000 exemplaires. Enfin, le presque quadra Cédric Villani, au look gothique, a tenu le public en haleine avec des équations mathématiques ! Son premier roman, Théorème vivant, >phénomène de la rentrée littéraire de Grasset (50e des meilleures ventes 2012 avec plus de 45 000 exemplaires vendus, selon Ipsos), s'organise autour de l'énigme mathématique qui lui a valu la médaille Fields en 2010. Les mathématiques font d'ailleurs de bons romans, comme en août, chez Anne Carrière, La déesse des petites victoires de Yannick Grannec, sur le mathématicien Kurt Gödel, ou, début janvier, Le silence de Jean-Guy Soumy (Robert Laffont) dans lequel l'auteur, lui-même expert des équations, pose la question du lien entre les mathématiques et le processus créatif.
