5 avril > roman Guatemala > Eduardo Halfon

"On écrit toujours avec une partie de soi, de sa vie", a confié Eduardo Halfon à Télérama. Chacun de ses livres lève un coin de voile sur une histoire familiale, à la fois universelle et singulière (Monastère, Quai Voltaire, 2014). "Dans la famille, on ne parlait pas de Salomon. Comme si un nom pouvait être un poignard." Il est pourtant celui qui désigne une partie de cette lignée d’hommes. L’auteur n’est qu’un petit garçon lorsqu’il tremble au son de ce nom tabou. "Je n’osais pas poser de questions", or l’histoire de cet enfant de 5 ans, "noyé dans le lac d’Amatitlán", le hante constamment. D’autant qu’on n’a jamais retrouvé son corps.

Salomon aurait pu être son oncle, mais il restera éternellement un fantôme errant. Un brouillard opaque règne sur cette histoire. Eduardo pressent que certains éléments ne sont pas concordants, surtout lorsqu’il découvre une photo en noir et blanc. Aussi part-il "chercher les traces d’une tombe interdite". Une façon d’approcher les éternels non-dits de son père ou de s’immerger dans le passé des siens.

"Je n’avais plus envie de voir, de me souvenir." Mais peut-on vraiment tourner le dos à ce qui vous a constitué ? D’une part, un grand-père libanais qui a cumulé les péripéties avant de s’installer au Guatemala. D’autre part, un grand-père polonais, survivant des camps. Une nuée de disparus se faufilent entre ces pages, dont le petit Salomon. Qu’est-il advenu de lui ? En quelques phrases courtes et percutantes, l’écrivain guatémaltèque brasse un siècle de deuils et d’aventures. "Cela va vous aider à voir votre vérité. La vérité que vous portez à l’intérieur. Votre vérité à vous." K. E.

09.03 2018

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