[Les bibliothécaires de l'année 2023] Jean-Rémi François, le relieur (5/5)
Ils incarnent la diversité et le dynamisme du métier de bibliothécaire. La rédaction de Livres Hebdo a sélectionné cinq professionnels pour lesquels les lecteurs sont invités à voter, jusqu’au 29 septembre, dans le cadre du Grand Prix Livres Hebdo des Bibliothèques 2023. Cinquième et dernier portrait de la semaine : Jean-Rémi François, directeur de la bibliothèque départementale des Ardennes.
Si Jean-Rémi François était un objet livre, il en serait le dos, la partie qui relie les pages entre elles. À la bibliothèque des Ardennes, qu'il dirige, il s’agit de créer tout un ouvrage avec les centaines de lieux de lectures dispersés dans le département. « J’avais envie de travailler dans des territoires ruraux pas très riches, où les enjeux sont colossaux », justifie celui qui a étudié le droit et l’histoire et travaillé dix ans en bibliothèque municipale, à Montreuil et Châlons-en-Champagne. « Ce qui est passionnant en bibliothèque départementale, c’est l’énergie de tous les bibliothécaires — salariés et bénévoles — qui se mobilisent dans les villages pour créer des lieux de lecture souvent innovants. Ça fait de chouettes lieux de vie », s’enthousiasme-t-il.
Lui, a grandi dans la campagne de Haute-Marne, loin des bibliothèques. « Au collège, je ne savais pas qu’il y en avait ! », se rappelle celui qui était déjà amoureux des livres. Aujourd’hui, l’homme de 44 ans retient tout particulièrement Dans la forêt profonde, récit d’aventure d’Anthony Brown, La rhétorique fabuleuse, d’André Dhôtel et les Carnets du grand chemin, de Julien Gracq. Des odes à la nature. Elles rappellent à Jean-Rémi François sa vallée de la Meuse.
Rassembler les bibliothécaires de France
Le conservateur territorial des bibliothèques s’engage aussi à l’échelle nationale. Membre du bureau de l’Association des bibliothécaires de France (ABF), il a chapeauté le comité qui a monté la programmation du Congrès de cette année, en cherchant à concerner les bibliothèques territoriales comme universitaires.
Depuis 2016, il travaille également au sein de l’ABF sur l’illettrisme, dans la commission AccessibilitéS. « Bibliothèque et illettrisme, ce n’était pas un lien évident. Des collègues se demandaient ce qu’on pouvait faire. On n’est pas des formateurs, mais la bibliothèque est faite pour tous, donc on a un rôle à jouer, notamment en accueillant des ateliers linguistiques », synthétise Jean-Rémi François. Ils diffuseront des ressources documentaires et une campagne de sensibilisation, soutenue par le ministère de la Culture et illustrée par Rascal. Et mettront sur pied un label national Facile à lire, qui invite les bibliothèques à proposer des collections adaptées aux personnes peu à l’aise avec l’écrit, en allant les chercher grâce à des partenaires du champ social.
Connecter adultes, enfants et imaginaire
Jean-Rémi François s’investit dans une autre association, Quand les livres relient, où un adulte, un enfant et l’imaginaire se rencontrent autour d’un album. Elle intervient en complément des bibliothèques, dans les maternités, prisons, halls d’immeuble… « Cela rappelle l’importance de nourrir les enfants d’imaginaire et de langage », souligne l’ancien enfant amoureux des histoires, devenu père.
Il écrit un peu, « gribouille » sur des feuilles, ne garde rien. « Ça fait du bien, ces moments de création. Je pense que c’est accessible aux personnes en difficulté avec la langue et que la ce n’est pas assez pratiqué en bibliothèque », estime-t-il. En dehors du livre, il passe du temps à écouter de la musique. Albert Ayler, qui dans son titre vertigineux, tumultueux « Angels », mêle saxo jazzy et clavecin aux couleurs baroques. Ou l’art de composer avec le dissemblable.
Les bibliothécaires de l'année 2023
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Par
Élodie Carreira
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