Le monde du livre défend la loi Darcos et publie une étude pour prouver l’efficacité et la pertinence du dispositif.
Entrée en vigueur le 7 octobre 2023, la loi « visant à conforter l'économie du livre et renforcer l'équité et la confiance entre ses acteurs », dite Loi Darcos, fixe un prix plancher de 3 euros pour les livraisons de commandes de livres neufs de moins de 35 euros. Elle a été pensée pour rééquilibrer le marché du livre en défendant la diversité et le dynamisme des librairies, vulnérables face à la puissance des grandes plateformes numériques et leurs livraisons quasi gratuites. Le géant Amazon est opposé à cette loi.
Amazon fait sa loi
Après la mise en place des casiers automatisés « Amazon Lockers » dans 2 500 points de retrait situés dans des commerces proposant des livres, les acteurs représentant les points de vente physiques de livres en France comme le Syndicat de la librairie française (SLF), le Syndicat des distributeurs de loisirs culturels (SDLC, qui regroupe notamment Cultura et Nosoli), Fnac-Darty, Maison de la presse et les Espaces culturels E.Leclerc ont accusé la multinationale de contourner la loi Darcos.
Amazon s’appuie sur la gratuité du click&collect mais les acteurs de la filière pointent du doigt le fait que les points de retrait doivent être des commerces de vente au détail de livres, ce qui n’est pas le cas pour ces casiers.
En réponse, une étude sous forme de premier bilan de la loi Darcos est sortie après une mise en commun des chiffres et données de l'ensemble des acteurs de la filière. Cette nouvelle législation a, selon eux, permis d’amortir légèrement la chute des ventes en volume, celle-ci passant de -3,1% à -2,6% après son application.
Revitaliser les librairies
Au niveau des parts de marché des magasins physiques, des résultats positifs sont également observés : la diminution des ventes a en effet été « très forte l'année précédant la loi Darcos (-3,1 %), mais plus modérée pendant les 12 mois suivants (-2,6 %) », rapporte l'étude, avant d'ajouter que « le chiffre d'affaires global reste, lui, orienté à la hausse (+0,7 % l'année post-Darcos contre +1,6 % l'année précédente), dans un contexte de ralentissement de la revalorisation des prix publics par les éditeurs »,
La loi Darcos contribuerait également à l’essor des librairies indépendantes de niveau 2. « Le retournement de tendance est spectaculaire avec un delta de +1,3 en volume (passage de -0,2 point
à +1,1 point) et de +2,0 points en valeur ! Sur un delta de +3,9 points d’évolution de part de marché en valeur, pour les ventes en magasin, entre l’année pré-Darcos et l’année post-Darcos, 2 points reviennent aux seules librairies de niveau 2, soit environ 50 % de l’ "effet Darcos" sur les points de vente physiques », détaille l'étude.
La nouvelle législation aurait également encouragé les librairies à se digitaliser, l'étude constatant une augmentation de 13% du nombre de sites internet de libraires, coïncidant avec une progression de 9,5% des ventes en ligne en volume et 10,8 % en valeur. Même constat pour le click&collect en GSS qui bondirait de 39 % de commandes Web à 55 % pour la première année Darcos.
Ces résultats mis en avant par les acteurs des points de vente physique tendent à montrer que la loi Darcos a permis de rééquilibrer la filière et de redynamiser l’écosystème des librairies. Du côté des casiers littéraires d’Amazon, la ministre de la Culture, Rachida Dati, a saisi le Médiateur du livre au sujet de ces « Amazon Lockers ».