Serait-ce une espèce en voie de disparition ? Avec les baleines et l’écologie, l’écrivain est la vedette de cette rentrée littéraire. Comme sujet, il incarne une posture néoromantique qui colle plutôt bien à notre époque troublée. Les livres qui prennent comme argument ou figure principale l’écrivain seront en tout cas particulièrement nombreux dans une production marquée par ailleurs du sceau du réalisme, avec des ouvrages qui ambitionnent d’expliciter la complexité du monde contemporain.
Quand elle ne s’inspire pas du milieu littéraire et de ses acteurs, la rentrée romanesque 2014 se veut au plus près des préoccupations des "vrais gens". A l’image du roman d’Olivier Adam Peine perdue, le nouveau cru littéraire manifeste une grande empathie avec les lecteurs. Dans l’entretien qu’il nous a accordé, le romancier précise ainsi qu’il a voulu "écrire des choses très intimes sur ce qu’on fait de nos vies, ce qui nous lie les uns aux autres, la filiation", en donnant la parole "à ce côté de la barrière où on a le sentiment qu’on n’a pas de prise sur sa vie, que c’est peine perdue".
Si elle n’est pas d’une gaieté folle, la production 2014 manifeste en tout cas une foi sans faiblesse dans le pouvoir de l’écriture. La crise économique et la nécessité de convaincre face un recul insidieux de la lecture incitent les écrivains à se dépasser pour trouver un écho universel. Cela donne des romans ambitieux, riches et variés, qui ne laisseront personne indifférent. Nous en donnons un premier aperçu dans ce numéro.
Comme l’année dernière, nous rassemblerons toutes les "avant-critiques" des livres de la rentrée, que nous aurons publiées entre le 23 mai et le 4 juillet, dans une nouvelle édition de Que lire ?, notre magazine gratuit, que les libraires pourront offrir à leurs clients à partir du 28 août.
En attendant, nous publions également dans ce numéro notre classement annuel de l’édition mondiale. Un panorama international de la situation du livre qui témoigne de nouveaux phénomènes de concentration et d’une certaine crispation des marchés sous toutes les latitudes.