« Je cherche à comprendre pourquoi il n’y a toujours pas de Quid édition 2008 ? », s’interrogeait récemment un internaute, sur un forum dédié à la culture. La réponse est simple : il n’y aura plus de Quid , du moins dans sa version papier. C’est la fin d’une aventure de 43 ans, qui fit les beaux jours de la librairie. Pendant des lustres, à peine parue dans les premiers jours d’octobre, chaque nouvelle édition de cette encyclopédie tout terrain se hissait aussitôt en tête des meilleures ventes de Livres Hebdo . Bon an, mal an, il s’en écoulait dans les 500 000 exemplaires. Une vraie rente de situation. Puis, avec l’arrivée d’Internet, les ventes ont commencé à diminuer. Elles étaient tombées, semble-t-il, en-dessous de la barre des 100 000 exemplaires. Robert Laffont, qui avait succédé voici une trentaine d’années à Plon pour éditer l’ouvrage, a préféré jeter l’éponge. Le Quid , bien sûr, n’est pas tout à fait mort : il est lui-même présent sur Internet depuis dix ans, mais en dépit du million de visiteurs mensuels que revendique quid.fr, le site n’est toujours pas à l’équilibre. Voici quelques mois, Fabrice Frémy, le directeur général de la maison, et fils des fondateurs, expliquait son ambition d’en faire une « agence d’actualités encyclopédiques ». Et de s’adosser à d’autres sites, pour générer plus de trafic et attirer la publicité en ligne. Sauf que le Quid en ligne, ce n’est plus tout à fait le Quid . Ce dictionnaire pas comme les autres était d’un usage très convivial : combien de fois n’avons-nous pas, les uns et les autres, assisté à un dîner entre amis où, à un moment, quelqu’un sortait le Quid pour vérifier un chiffre, chercher un renseignement. Et puis, en tournant les pages, on tombait sur d’autres chiffres, d’autres données, qui alimentaient la conversation : le Quid , c’était un peu les Miscellanées de ce bon M. Schott avant l’heure. Désormais, il faudra ouvrir un ordinateur, ce qui n’est pas exactement la même chose. Et puis, comme l’expliquait très bien la semaine dernière Yann Chapelon, le directeur général de Télérama , au forum du SPCS (Syndicat de la presse culturelle et scientifique) sur le numérique, « Internet rebat les cartes ». Alors que sur le papier, le Quid s’était bâti un quasi-empire, d’autres, sur le Net, lui ont grillé la politesse. Il s’agit, bien sûr, principalement de Wikipédia, dont j’ai déjà amplement dit ici tout le mal que je pensais. Il faudra sans doute des années avant que le Quid ne retrouve son image de référence obligée — si jamais il y parvient. En attendant, la — vraie — culture encyclopédique en prend un sacré coup. La révolution numérique n’a pas toujours que du bon.
15.10 2013

Les dernières
actualités